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ALEXANDRE D’APHRODISIAS.

tiens. Il a recours aussi et d’abord aux données de l’étymologie et scrute curieusement le sens originel des différents mots par lesquels, soit chez les Grecs soit chez les Latins, a été désigné le destin : μοῖρα de μείρομαι (je partage) ; αἶσα de δαίω (je divise), ou de ἡ ἀεὶ οὖσα ; πεπρωμένη (je détermine) ; εἱμαρμένη, εἱρμὸς (série) de εἵμαρμαι, de μείρομαι ; ἀνάγκη, πρόνοια, Νέμεσις, Ἀδράστεια, λόγος, τύχη), fatum, fortuna. De ce double examen il conclut que si les poètes ont fait le destin tour à tour aveugle ou intelligent, le destin n’est, aux yeux des philosophes, que Dieu lui-même, ou un de ses attributs, ou l’ordre éternel de ses décrets. En traitant un tel sujet, en portant de telles affirmations, à l’heure même où allait s’abîmer, où s’abîmait déjà, dans les steppes glacées du Nord, la plus prodigieuse fortune des temps modernes, Daunou qu’avaient éprouvé de si cruelles vicissitudes[1], et qui, pour lors, se

  1. Cf. Taillandier. Documents biographiques sur P.-C.-F. Daunou. Paris, 1847, in-8, 2e édit.