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SAVOIR AIMER


Comme deux cygnes blancs l’un vers l’autre nageant,
Deux voiles sur la mer fondant leurs pâleurs mates,
Livrez vos mains à l’eau dans les bassins d’argent,
Préparez-leur le linge avec les aromates.

Les mains sont l’homme ainsi que les ailes, l’oiseau ;
Les mains chez les méchants sont des terres arides ;
Celles de l’humble vieille où tourne un blond fuseau
Font lire une sagesse écrite dans leurs rides.

Les mains des laboureurs, les mains des matelots
Montrent le hâle d’or des Cieux sous leur peau brune.
L’aile des goélands garde l’odeur des flots,
Et les mains de la Vierge un baiser de la lune.

Les plus belles parfois font le plus noir métier,
Les plus saintes étaient les mains d’un charpentier.

Les mains sont vos enfants et sont deux sœurs jumelles
Les dix doigts sont leurs fils également bénis,

Veillez bien sur leurs jeux, sur leurs moindres querelles,

Sur toute leur conduite aux détails infinis.

Les doigts font les filets et d’eux sortent les villes,
Les doigts ont révélé la lyre aux temps anciens,
Ils travaillent pliés aux tâches les plus viles,
Ce sont des ouvriers et des musiciens.

Lâchés dans la forêt des orgues le dimanche,
Les doigts sont des oiseaux, et c’est au bout des doigts
Que, rappelant, le vol des geais de branche en branche,
Rit l’essaim familier des Signes de la Croix.