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SAVOIR AIMER


Faite avec l’azur noir de la nuit où l’or fin
De l’aurore et sur qui nage un parfum farouche,
Où la femme endort l’homme en une mer sans fin.

Rossignol vif et clair, grave et sonore mouche
Frémis ou chante au bord des lèvres, douce voix !
Douce gloire du rire, épanouis la bouche !

Chaque chose du corps est soumise à tes lois
Dieu grand, qui fais tourner la terre sous ton geste
Dans la succession régulière des mois.

Tes lois sont la santé de ce compagnon leste
De l’âme, ainsi, qu’un rythme est l’amour de ses pas
Mais l’âme solitaire est joyeuse où Dieu reste.

La souffrance du corps s’éteint dans le trépas
Mais la douleur de l’âme est l’océan sans borne
Et ce sont deux présents que l’on n’estime pas.

Ô ne négligez pas votre âme, l’âme est morne
Que l’on néglige et va s’effaçant, comme au jour
Qui monte le croissant voit s’effacer sa corne.

Et le corps pour lequel l’âme n’a pas d’amour
Dans la laideur que Dieu condamne s’étiole,
Comme un fou relégué dans le fond d’une cour.

La grâce de votre âme éclot dans la parole
Et l’autre dans le geste aimant les frais essors
Au vêtement léger comme une âme qui vole.