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SAVOIR AIMER


IV


Aimez l’humilité ; c’est elle
Que les Mages de l’Orient
Coiffés d’un turban de dentelle,
Et dont le noir montre en riant
Un blanc croissant qui l’illumine,
Offrant sur les coussins d’hermine
Et l’or pur et la myrrhe fine,
Venaient, dans l’encens triomphant
Grâce à l’étoile dans la nue,
Adorer sur la paille nue,
Au fond d’une étable inconnue,
Dans la personne d’un enfant.

Ses mains qui sont des fleurs écloses,
Aux doux parfums spirituels,
Portent de délicates roses,
À la place des clous cruels.
Écarlates comme les baies
Dont le printemps rougit les haies,
Les cinq blessures de ses plaies
Dont l’ardeur ne peut s’apaiser,
Semblent ouvrir au vent des fièvres,
Sur sa chair pâle aux blancheurs mièvres.
La multitude de leurs lèvres
Pour l’infini de son baiser.

Au pied de la croix découpée
Sur le sombre azur de Sion,
Une figure enveloppée
De silence et de passion !