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CHARITÉ


Ni celle qui fatigue, — ou bien qui complimente. —
Obligée à se taire à moins qu’elle ne mente,
Mais celle-là qui règne avec simplicité,
Qui sait servir le miel pur de la vérité ;
Qui veut laisser chacun ou chacune à sa place ;
Qui calme les transports comme elle rompt la glace,

Parmi les charités, si légères au sol
Qu’elles foulent si peu, que l’on dirait un vol
Timide, à fleur de terre, ou d’ange ou d’hirondelle ;
Au nom des tout petits qui soupent sans chandelle,
Sous les arbres, les yeux dans leurs cheveux trop longs
Et viennent d’Italie avec leurs violons ;
Du vieux joueur de flûte, aux mèches toutes grises
Et du pauvre, à genoux sur le seuil des églises,
Qui marmotte une antienne ou qui froisse les grains
Du rosaire, à la fête où vont les pèlerins,
Parmi les charités, porteuses d’escarcelles
D’un vers reconnaissant, je veux célébrer celle
Qui passe en écoutant les plaintes des roseaux
Et qui donne aux petits comme on donne aux oiseaux !

Fais ton miel admirable, ô reine des abeilles,
Charité, donne encore tes jours, ton cœur, tes veilles,
Jésus multiplia les poissons et les pains.
Voyez, dans ce palais, dont les plafonds sont peints,
Où les lustres ont plus de branches que les arbres,
Où le peuple des sphinx taillés au cœur des marbres
Garde la cour sonore et les vastes paliers,
Château plein de frontons, d’urnes et de piliers,
Cette royale enfant toute belle, qui foule
Comme un jardin fleuri, l’éloge de la foule !