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SAVOIR AIMER

Comme il est bon et droit, que Jésus en son maître,
S’il parle, elle a des yeux ravis de se soumettre ;
Qu’elle parle, il écoute heureux de se plier
Aux désirs purs d’un cœur que Jésus sut lier.
Tous deux savent le prix des torts que l’on pardonne.
Au milieu des enfants que le Seigneur leur donne,
Ils laissent se mêler aux fils d’or éclatants
Les fils sombres qui sont au dévidoir du temps.
L’époux travaille ; il est ouvrier ou poète,
Il explique aux siens Dieu dont le ciel est la fête.
Un enfant vous écoute avec tant d’appétit,
C’est innocent, c’est bon, c’est grave, c’est petit.
Elle, quand elle file, un bras hors de la manche,
Elle a l’air de filer son âme en laine blanche.
Et son cœur doux s’écoule aux ondes de son lait,
Flot parfumé, pareil au flot pur, qui coulait
Du sein sacré sur qui Dieu tout petit ne bouge
Que sa lèvre d’enfant, humble fleurette rouge.
Dans la neige du linge et les tulles au vent,
Voilà la mère avec son sourire vivant,
Dont la chambre s’échauffe et dont l’ombre s’éclaire.
Femme aux seins mûrs, miracle, ô reine populaire !
Majesté de grands cils abaissés sur l’enfant,
Il s’abandonne, il dort. Un baiser le défend !
Le père le contemple, un rire sur la bouche.
Il est tel que devant une rose farouche
Un bon peintre amoureux de la gloire des fleurs.
Tous vivent dans le calme et les claires couleurs !
Ô chaleur maternelle ! ô prière qui vole !
Ô bouches ébauchant la première parole
Chère tribu, petit peuple qui grandissez,
Mère, qui d’une main délicate emplissez