Page:Nouveau Bulletin des Sciences, Tome 1.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 139 )

difficulté a fondre lorsqu’elle est en grande lame convenoit à cet emploi), pour empêcher le mélange avec la poudre de quartz dont il a mis une couche épaisse et très-tassée. Les étuis de porcelaine ont été fermés avec des bouchons lutés à l’aide d’une matière facilement vitrifiable, et disposés ainsi dans l’appareil de compression. Les creusets ont été renfermés dans d’autres creusets aussi avec de la poudre de quartz ; et après avoir clos le tout par un couvercle luté avec de l’argile, ils ont été ficellés avec du fil-de-fer. Des pyromètres de Wegdvood ont été placés dans l’intérieur des étuis ou des creusets à côté de la matière.

Quant aux appareils de compression, ils ont été changés plusieurs fois et l’auteur ne donne aucun détail à cet égard.

Ces expériences lui ont donné des produits qu’il divise en quatre séries.

On remarque dans ceux de la première, que la poudre de porphyre, sans changer de nature, s’est consolidée à l’état de pierre, que les morceaux ont été liquéfiés et ramollis au point de couler et de se reconsolider de même sous la constitution pierreuse, semblable à celle des laves lilhoïdes, sans que les cristaux de feld-spath du porphyre employé aient été dénaturés, ni déformés.

Deux de ces produits sont très-remarquables, parce qu’à la suite de la liquéfaction, il y a eu dans la partie formée par la poudre, un rapprochement de molécules qui a produit les rudimens de cristallisation. L’auteur fait voir qu’aucun des produits de cette série n’a passé par la fusion vitreuse.

Dans les produits de la 2me. série on observe que la poudre a été liquéfiée, mais que les morceaux n’ont point été ramollis et que l’un et l’autre ont pris l’aspect de la pâte de la porcelaine ; ce qui annonce que ces produits avoient éprouvé un commencement de fusion vitreuse.

Ceux de la 3me. série se distinguent en ce que toute la pâte des porphyres a passé à la fusion vitreuse complète, sans que les cristaux de feld-spath aient perdu leur forme et leur contexture lamelleuse.

Enfin les produits de la 4me. série sont des obsidiennes homogènes, mais il a fallu une haute température pour conduire à la dissolution vitreuse, les cristaux de feld-spath.

De ces résultats, M. de Drée conclut : que,

1°. Les roches ou pierres, par une application particulière de la chaleur et dans certaines circonstances, peuvent être conduites à un état de liquéfaction ignée telle qu’elles peuvent couler, sans que pour cela elles perdent presqu’aucun de leurs principes constituans, sans que les substances composantes se dissolvent comme par la fusion vitreuse et sans qu’il y ait même aucun changement notable dans la constitution de la roche