Page:Nouveau Bulletin des Sciences, Tome 1.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 144 )

calmante, celle dont on a le plus souvent besoin quand on administre l’opium. De là les procédés extrêmement nombreux qui se sont succédés, depuis plus d’un siècle jusqu’à nos jours, pour préparer l’extrait gommeux d’opium, et l’isoler complètement des autres principes. De là encore le conseil donné par plusieurs écrivains, de séparer avec soin la pellicule qui se forme pendant l’évaporation de cet extrait, et à laquelle l’on a aussi attribué une propriété éminemment irritante. En se laissant toujours conduire par l’analogie plutôt que de consulter l’expérience, on a cru dans ces derniers tems que la matière qui se sépare et cristallise par le refroidissement ou par l’évaporation lente de l’alcool saturé d’opium, étoit le plus énergique des principes que contient l’opium, de même que l’on avoit placé peu de tems auparavant la propriété fébrifuge du quinquina dans le sel essentiel de celle substance. Des assertions aussi hasardées laissoient dans l’emploi de l’opium une incertitude très-grande qu’il étoit important de faire cesser par des expériences exactes. M. Nysten a entrepris ce travail dont il a présenté les premiers résultats il y a quatre ans à l’école de médecine. Il a d’abord séparé de l’opium du commerce la partie aromatique[1], la matière extractive, la matière dite résineuse, la matière cristalline ou sel essentiel, la pellicule qui se forme pendant l’évaporation de l’extrait ; et il a examiné comparativement l’action de ces diverses substances sur l’économie animale, soit en les introduisant dans le canal alimentaire, soit en les appliquant sur la plupart des autres organes : il a essayé inutilement de séparer de l’opium la matière huileuse dont parlent quelques auteurs. Ces expériences ont été faites sur lui-même, sur plusieurs personnes qui ont bien voulu s’y soumettre, et sur des animaux vivans ; voici les principaux résultats qu’il a obtenus.

Toutes les préparations d’opium produisent sur l’économie animale les effets de l’opium brut, ou de l’extrait d’opium préparé à la manière ordinaire ; mais ces effets surviennent plus ou moins promptement et varient dans leur intensité suivant le degré de dissolubilité de ces préparations et le degré d’altération que le feu ou quelque réactif leur a fait subir.

La partie dite gommeuse de l’opium, qui après avoir été séparée par l’eau froide n’a subi qu’une seule évaporation, est, conformément à la proposition générale qui vient d’être énoncée, la plus énergique de


  1. Cette partie a été séparée par la distillation d’une livre d’opium du commerce, avec environ douze onces d’eau distillée, et la cohobation du premier produit : on a retiré de cette manière 7 à 8 onces d’eau distillée, tenant en dissolution la partie aromatique.