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Note sur les métaux de la potasse et de la soude ; par MM. Gay-Lussac et Thenard.

Lorsque nous avons annoncé le sept mars dernier, à la classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut, que nous étions parvenus à nous procurer en très-grande quantité, par des moyens chimiques, les métaux de la potasse et de la soude, nous nous sommes contentés d’indiquer, d’une manière générale, comment ou devoit faire l’expérience pour les obtenir ; mais comme jusqu’à présent un grand nombre de personnes l’ont répétée sans succès, nous croyons utile de la décrire avec détail.

On prend un canon de fusil très-propre dans son intérieur ; on en courbe la partie moyenne et l’un des bouts, de manière à le rendre parallèle à l’autre ; on couvre cette partie moyenne qui doit être fortement chauffée d’un lut iufusible, et on la remplit de limaille de fer très-pur, ou mieux de tournure de fer bien broyée ; puis on dispose le tube en l’inclinant sur un fourneau à réverbère ; ensuite on met de l’alcali très-pur dans le bout supérieur, et on adapte une allonge bien sèche, portant un tube bien sec lui-même au bout inférieur. Les proportions de fer et d’alcali, que nous employons ordinairement, sont trois parties du premier et deux parties du second ; mais on peut les faire varier. L’appareil ainsi disposé, on fait rougir fortement le canon de fusil en excitant la combustion, au moyen d’un soufflet de forge, ou d’un tuyau de tôle qui détermine une plus vive aspiration. Lorsque le tube est extrêmement rouge, on fond peu-à-peu l’alcali qui par ce moyen est mis successivement en contact avec le fer, et converti presqu’entièrement en métal. Dans cette opération, il se dégage, en même tems que le métal se volatilise, beaucoup de gaz hydrogène qui quelquefois est très-nébuleux, et qui provient de l’eau que contient l’alcali : on est même averti que l’opération touche à sa fin, quand le dégagement des gaz cesse. Alors on retire du feu le canon qui n’a nullement souffert, si les luts ont bien tenu ; et qui au contraire est fondu, si les luts se sont détachés. On le laisse refroidir, et on en coupe l’extrémité inférieure près de l’endroit où elle sortoit du fourneau : c’est dans cette extrémité inférieure et en partie dans l’allonge qu’on trouve le métal. On l’en retire en le détachant avec une tige de fer tranchante, et en le recevant soit dans le naphte soit dans une petite éprouvette bien sèche. Pour l’obtenir plus pur encore, on le passe au travers d’un nouet de linge dans le naphte même, à l’aide d’une température et d’une compression convenables. Ensuite on réunit en masse celui de la potasse, en le comprimant dans un tube de verre et le fondant de nouveau. Mais comme celui