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DENTA — DENTELLE

lui, on distingue des incisives, des canines, des molaires. C’est sur les molaires que portent les principales ditférences. Chez les carnassiers (chiens et chats), les molaires sont comprimées et tranchantes ; chez les omnivores, les molaires sont garnies de tubercules arrondis ; chez les herbivores (moutons, bœufs, chevaux), les molaires sont terminées par une large surface aplatie et rude ; chez les ruminants, les canines manquent, et ils n’ont d’incisives qu’à la mâchoire inférieure. Les dents, surtout les incisives, fournissent des caractères précieux pour la détermination de l’âge des animaux. V. ÂGE (Art vétér.).

Les dents sont sujettes à présenter des irrégularités. Ainsi, les doux arcades supérieure et inférieure correspondent parfaitement, chez les sujets normaux ; elles peuvent être trop avancées inférieurement (bouledogue), ou supérieurement. Elles peuvent être le siège de maladies, d’usures, de fractures. Le cheval et les chiens âgés sont ceux qui en présentent le plus souvent ; les ruminants et le porc, presque jamais. Le cheval présente quelquefois la carte, mais à peu près exclusivement aux molaires. Elle amène la destruction d’une partie de la dent, des abcès alvéolaires, enîin, des lésions assez analogues à ce qui se voit chez l’homme et qui exigent l’extirpation de la dent malade. L’opération et les instruments pour la pratique sont imités de ceux de l’homme, sauf les dimensions. Chez les chiens, les maladies des dents se compliquent d’une maladie de l’alvéole, qui rend les dents branlantes et friables. Leur extirpation et la désinfection de la bouclie au chlorate de potasse sont indiquées. Le chien conserve d’autant plus loo^gtemps ses dents que son régime est plus normal, c est-à -dire carnassier. Par contre, les chiens d’appartement, voués aux friandises, perdent leurs incisives ûe très bonne heure, et acquièrent une haleine infecte.

Archéol. Les deyits de requins ou langues de sej-pents servaient, au moyen âge, d’amulettes. On les croyait capables de préserver les enfants de la peur ; on les regardait surtout comme propres à déceler la présence des poisons dans les mets. Aussi en garnissait-on les languiers destinés aux épreuves des plats. On montait ces dents do squale en argent et en or. Les dents de loup se mettaient aussi aux hochets des enfants ; on croyait que, comme les dents de requin, elles les aideraient à mieux faire les leurs.

Dr. anc . Les anciennes législations barbares fixaient la compensation due pour une deit brisée. Il eu est do môme de la coutume de Normandie, au commencement du XVI» siècle. Une ordonnance de 1391 déclare que celui qui aurait dévasté le champ ou la vigne d’autrui payera une amende, ou qu’on lui arrachera une dent. Denta ou GyenTYA, bourg d’Austro-Hongrie (Hongrie [comitat de Ternes]), sur la Berzava, affluent de la Ternes ; 3.200 hab. Culture du riz. DENTAIRE {dan-tér — du lat. dentarius, même sens) adj . Anat. Qui appartient, qui a rapport aux dents : Canaux DENTAIBKS.ArCaaeS DENTAIRES. CaVltéS DENTAIRES. La pulpC DENTAIRE.

Chir. Prothèse dentaire. V . prothèse.

Gramm. Syn. de dentale.

Encycl. Anat. Artères dentaires, Artères provenant, Eour la mâchoire inférieure, de la dentaire inférieure, ranche de la maxillaire interne ; pour la mâchoire supérieure, de : l» l’alvéolaire qui fournit les artères dentaires postérieures ; 2° de la sous-orbitaire, qui fournit Varlère dentaire antérieure. Toutes ces artères, au niveau de la racine des dents, émettent un rameau dit artère pulpeuse .

Canaux dentaires. Ou donne ce nom à plusieurs conduits osseux, qui livrent passage aux nerfs et aux vaisseaux dentaires. On les distingue en supérieurs et inférieurs. Nerfs dentaires, Nerfs provenant des maxillaires supérieurs et inférieurs, branches du triiumeau. Ces nerfs se divisent en autant de rameaux qu’il y a de dents ; ils ’se rendent à la pulpe par les canaux dentaires. Pu/perfen^aiVe. Substance molle qui occupe la cavité centrale de la dent et qui contient les vaisseaux et les nerfs. l’ormule dentaire. V . dent.

DENTAIRE {dan~tèr’) n. f . Genre de plantes, de la famille des crucifères, tribu des arabidées, renfermant environ vingt espèces, qui croissent dans les régions tempérées de l’hémispnère septentrional.

DENTAL, AIX, AUX idan) adj. Gramm. Se dit des consonnes qui se prononcent on choquant la langue contre les dents : Ze t eï /e d sont des lettres dentales.

n. f . Consonne dentale : Une dentale.

Encycl. Linguist. Les dentales, qui forment une des principales divisions des consonnes, sont ainsi nommées parce qu’on les articule au moyen du contact de l’avant de Ja]langue contre le mur formé par les dents. Les dentales appartiennent à la classe des muettes et se divisent d’abord, comme les consonnes de cette classe, en fortes ou sourdes (t) et en douces ou sonores (d). Les fortes et les douces peuvent également s’aspirer, ce qui fait que l’on distinguo aussi dans plusieurs langues des dentales aspirées (ih, dh).

L’indo-européen, d’où sont sortis le grec et le latin, possédait comme dentales t, th, d, dh. Le latin a perdu l’aspirée de cet organe et la remplace quelquefois par laspirée labiale/^ ; mais, le plus souvent, il supprime simplement l’aspiration, surtout à l’intérieur des mots. Le grec a perdu seulement l’aspirée dentale douce dJi, qu’il remplace généralement par 1 aspirée dentale forte tk. DENTALE {dan) n. f . Antiq. Nom que les Romains dons ^=^

naient à la pièce do bois à laquelle lo soc do la charrue était fixé : // xj aoait de» dentales de deux sortes : la i>HNTALE à dos simple, dont parle CoTumeUe dans son Traité d’agriculture, et la dentale à dos double [duplicî dorso 1 , qui formait une seule pointe par devant, mais qui s’ouvrait et se séparait par derrière en deux parties. Dcntalei (moll.) .

DENTALE (dan) ou DENTALIUM (din, li-om") n. m . Moll. Genre do mollusquos, type de la famille des dentalUdés, X>eDt3-de-scie.

comprenant des formes à coquille en cornet allongé, plus ou moins courbe, à pied court, trilobé.

Pêch. Nom que les pêcheurs du littoral donnent à un poisson appartenant au genre des spares.

Encycl. Moll. On connaît de nombreuses espèces de dentales, réparties dans toutes les mers du globe ; les plus grandes vivent à des profondeurs considérables. Tous ces animaux se tiennent dans le sablo ou la vase, enfoncés obliquement, la pointe de la coquille relevée. DENTAUIDÊS (dan) n. m . pi. Famille de mollusques scaphopodes solénoconques, caractérisés par une coquille calcaire déroulée, tubuleuse ou coniq^uo, ouverte à ses deux extrémités, la postérieure étant toujours plus fine. (Tous les denlaliidés sont marins ; les genres principaux en sont ; dentalium, pulsellum, siphonodentaliujn !) — Un dentaliidé. DENTALITHE fdaw) n. f . Paléont. Nom donné aux dentales fossiles. (On les rencontre dans les terrains tertiaires.) DentatUS (Curius). Biogr. V . Curius. DentatuS (Sicinius). Biogr. V . Sicinids. DENT-DE -BREBIS (rfan, ’ ^ 0 n. f . Un des noms vulgaires des gesses {lal/njrits). Il P I. Des DENTS-DE -BRiiBis. DENT-DE-CHEVAL (dan) n. f . En T. de joaill., v a riété de topaze bleu vcrdâtre. il P I. Des dents-de-cheval. DENT-DE-CHIEN {dan, cki-in) n. f . Bot. Syn. de erythrone.

Sculpt. Petit fleuron de deux quatrefeuilles, d’où s’échappent des filets semblables à des dents de chien. I l P I. Des dents-de-chien.

DENT-DE -LION n. f . Bot. Syn. de pissenlit. DENT-DE -LOUP {dan, lou) n. m . Petite pâtisserie croquante, semée d’anis. n Sorte de cheville de fer qui sert à arrêter la soupente d’une voiture, il Petit instrument employé pour polir le parchemin, le cuir et le papier. (PI. Des dents-de-lodp.} DENT-DE -RAT {dan, ra) n. f . Se dit de petites boucles simples et régulières qui bordent les rubans. (Triples, on les appelle dents-de-scie.) i l PI. Des dents-de-rat. DENT-DE -SCIE {dan, si) n. f . Archit. Ornement du style roman et du style ogival qui décore les corniches, les bandeaux, les chapiteaux, les archivoltes, et qui imite les dents de scie, il PI. Des dents-de-scie.

Tiss. V . dent-de-rat.

Encycl. Archit. Ltident-de-scie est un ornement taillé comme les dents dont il porte le nom, et qui sert à décorer les bandeaux, les cornicnes et les archivoltes. On le voit naître au xi" siècle, et il fut fort usité au xii". D’abord formé de stries

.

.

à angles droits

ou en forme do

triangle iso-

cèle rectangle,

plus tard, il de-

vint plus al-

longé et plus

aiçu, et les

stries furentde

véritables

triangles isocèles acutangles. Vers la fin du xii* siècle, on tronqua les angles rentrants et saillants. Souvent, on employait, au moyen âge, plusieurs rangs de dents-de-scie superposés, s’alternant en formant des saillies inégales. Quelquefois, les dents-de-scie sont doublées ou chevauchées. Les dents-de-scie figurent dans tous les monuments gothiques, soit pour décorer des archivoltes, soit pour imiter les bandeaux ou les tuiles sur le parement extérieur dos flèches. Les architectes du moyen âge taillaient chaque rang de dents-de-scie dans une hauteur d’assises, et s’arrangeaient de façon que les points verticaux tombassent dans les vides. D’après VioUet-le-Duc, la dcilt-do-scie est un ornement qui appartient bien au moyen âge ; rien, dans les édifices romains, ne pouvait rendre l’idée de ces découpures, c^ui donnent tant de vivacité aux profils et aux bandeaux.

DENTÉ, EE {dan) adj. Qui est garni de dents : Mâchoire bien DENTÉE. I l Qui est découpé, garni de dents sur les bords : Èoue dentée.

Blas. Se dit des animaux, quand ils ont les dents d’un autre émail que la tête, il Se dit d’une pièce qui porte des dents à angle droit d’un seul côté ; quand un ne blasonne pas, c’est la ligne inférieure qui porte les dents. (Syn. de denchê, dans cette seconde acception.)

Bot. Se dit d’un organe, tel qu’une feuille, dont le bord ofl’re des découpures aiguës en forme de dents, séparées par des sinus obtus, il On dit aussi dentelé, ée. --

Diplom. Charte dentée. Papier poli avec une dent-defoup. Il S’est dit aussi pour charte endentée. ’

Numism. Monnaie dentée. V. dentelé. DENTÉ {dan) ou DENTEX {din-tèkss) n. m . Genre de poissons acanthoptères, famille des pristipomatidés, comprenant des formes

à opercule sans

épines, à na-

geoire dorsale

continue, à pré-

opercule non

dentelé , et qui

prennent leur

nom des fortes

dents dont leurs

mâchoires sont

armées.

Denté.

~ Encycl. Los

rfenï^s sont des poissons marins, de taillegrandeoumoyenne, dont on connaît plus de trente espèces, réparties sur tout lo globe. Deux habitent les mers d’Europe. DENTEAU {dan-to) n. m . Dans le Nivernais, Nom donné à l’âgo do la charrue.

DENTÉE {dan) n. f . Marque laissée par un coup do dont du chien sur la peau do la bête : On ne dit pas quun chien a mordu la bête qu’on chasse, mais bien qu’il lui a donné une dentée. 11 Coup donné aux chiens de meute par le sanglier avec ses défenses. (On dit aussi dentelée.) DENTELAIRE {dan, 1er’) n. f . Genre do plantes, do la famille des plombaginées.

" Encycl. La dentelaire (plumbago) est vivace ; ses flours, bleues, blanches ou roses, sont groupées en cymos terminales. La dentelaire d’Europe {plumbago Èuropœa), Dentelaire d’Europe :

a, tleur.

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habitant la région méditerranéenne, a une racine acre» employée comme masticatoire, toxique à l’intérieur, et déterminant de la vésication à l’extérieur ; elle passait autrefois pour guérir les maux de dents (d’où le nom de dentelaire) et la gale. DENTELÉE {dan — rad. detit) n. f . Véner. Syn. de dentée.

Art" vétér. Maladie des jeunes

porcs dont ont parlé les anciens vétérinaires et qui paraît avoir disparu, car il n’en est plus question dans la science. (C’était, parait-il, une mala- {lie de la bouche , avec présence d’aphtes, qui se montrait immédiatement ou quelques jours après la naissance et qui empêchait le jeune animal de teter. Ce n’était probablement qu’une forme de la fièvre aphteuse, qui, comme on le sait, est contagieuse au porc. On la traitait par Texcision des vésicules et par des gargarismes vinaigrés.)

DENTELER {dan ~ rad. dent. Dou-

ble la lettre l devant une syllabe muette : Je dentelle. Tu dentelleras) v. a . Entailler sur les bords en forme ^ de dents aiguës.

Defitelé, ée part. pass. Qui est découpé en forme de dents de scie, il On dit aussi crénelé, SCIE, DENTÉ, ENDENTÉ : Charte endentée. Ecu denté.

Blas. Se dit d’une pièce (bande, barre, fasce, pal) qui porte des dents des deux côtés.

Numism. Monnaies dentelées ou dentées, Monnaies dont les bords

étaient décou-

pés en dents

de scie {nuyntni

serrati), et qui

outétéen usage

dans l’antiqui-

té, chez difi’é-

ronts peuples :

enSyrie(de 190

àl45av.J. -C.),

en Macédoine,

Monnaie dentelée.

àCarthage. (A

Kome, la dentelure ne fut pratiquée que sur les deniers d’argent ; mais cet usage, qui s’y établit dès le m" siècle av. J .-C, persista jusqu’à la fin de la république.)

Adjectiv. Anat. Se dit de certains organes dont les bords sont déchiquetés en dents aiguës, n Corps dentelé. Noyau de substance grise inclus dans la substance blanche du cervelet, il Ligament dentelé. Bandelette fibreuse festonnée, formée par la pie-mère et s’étendant de chaque côté de la moelle épiniôre dans le canal rachidien. (Il sépare les racines antérieures des racines postérieures.) I l Muscles dentelés ou, substantiv.,Z*en/e/(^s, Divers muscles du tronc portent ce nom, à cause de la forme de leurs insertions sur les côtes. (Le grand dentelé, large et superficiel, s’attache en arrière au bord spinal de l’omoplate et en avant aux neuf premières côtes par des digitations semblables à des dents de scie. Il est abaisseur de l’omoplate et a un rôle prépondérant dans le pondes fardeaux sur l’épaule. Les petits dentelés, minces et plus profonds, s’étendent de la colonne vertébrale au thorax. Ils s’attachent aussi en avant par des digitations aiguës : l’un, dentelé postérieur et supérieur, aux quatre premières côtes, l’autre, dentelé postérieur et inférieur, aux trois dernières fausses côtes. Le premier est élévateur des côtes et inspirateur ; le second est abaisseur des fausses côtes et expirateur.)

Bot. Feuilles dentelées. V . denté. Se denteler^ v. pr. Etre dentelé, se découper en forme de dents.

DENTELET {dan, le) n. m . Petit cube de pierre que l’on transforme par la taille en ornements appelés denticules. DENTELEUR [dan) n. m . Celui qui fait des entailles en forme de dents dans une lame d’acier, c’est-à-dire qui fabrique les dents de scie.

Dentelin ou Denzelin (duché de), nom que portait, sous les Mérovingiens, la partie du littoral de la Manche comprise entre la Seine, la Somme et l’Oise. Ce duché, d’abord neustrien, fut cédé à l’Austrasie par Clotaire II, en 600, puis, sous Dagobert, incorporé de nouveau et définitivement à la Neustrie. DENTELLE [dan-tèV) n. f . Tissu à points clairs, dont le fond et le dessin sont entièrement formés par le travail de la dentellière : Dkntelle de fil, de soie, d’or, n Au plur. Objets de parure faits de dentelle.

Se dit, par comparaison, de choses légères, frivoles, mais agréables : La plaisanterie française est une dentelle avec laquelle les femmes savent embellir la joie qu’elles donnent et les querelles qu’elles inventent. (Balz.) I l S’applique atout ce qui est taillé, découpé en dentelle : Escalier à rampe de dentelle. (Alex. Dum.)

Pop. De la dentelle. Des billets de banque.

Jeux. Nom d’un jeu d’action que l’on joue en plein air et que l’on appelle aussi y^îf du labgrin t he. . labyrit^the.

Techn. Vignettes servant d’entourage aux pages ou d’ornement aux titres des livres, des chapitres, il Partie d’un diamant taillé en rose, ii Petit brillant dans lequel les arêtes des biseaux sont rabattues par une simple tacette. Il Ornement ciselé sur la tête d’une pipe. Il Ensemble des pointes qui forment lo peigne du dominotier. i i Chez les relieurs, Dessin poussé sur le bord du livre ou sur lo plat de la couverture, n Eo7id de dentelle, Genre de croisement des fils qui imite une dentelle.

Zool. Dentelle de mer. Nom vulgaire de quelques polypiers des genres escarre, flustre et millépore. (L’un do ces polypiers s’appelle dentelle de Vénus.)

Encycl. Tiss. Les dentelles se divisent en deux catégories :

les dentelles à l’aiguille, les dentelles aux fuseaux. 

(Une variété annexe des dentelles a reçu le nom de guipure : son modo de fabrication est spécial.) V. guipure. Dentelles k l’aiguille. La dentelle à l’aiguille a de l’analogie avec la broderie : elle en dérive, avec cette différence que la broderie se fait sur un tissu de fond préalablement établi (v. broderie). Un dessin étant tracé (sur papier ou parchemin), la dentellière jette les fils de bâtis qui suivent ledit dessin ; ces fils forment les supports auxquels vont se rattacher les points qui constituent la