Page:Nouvelle revue germanique, tome 14, 1833.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
109
HENRI DE KLEIST

cette réponse éminemment philosophique : « Écoutez, mon cher Kleist, je ne désire pas que ma femme meure, au contraire ; mais enfin, si elle mourait, je tâcherais de m’en consoler. »

Là-dessus Mme Vogel se crut absoute. La résolution de mourir fut prise plus fermement que jamais, et le 21 Novembre 1811 mise à exécution.

À quelque distance de Potsdam, à droite de la route qui conduit à Berbn, dans un petit bois qui touche au lac Saint, on m’a montré l’endroit où ces deux malheureux moururent en regardant le ciel et en s’embrassant. Tieck qui a connu H. Kleist en 1808, a ainsi fait son portrait :

C’était un homme de moyenne taille et d’une constitution assez forte. Il était ordinairement grave et silencieux, ne montrant aucune trace de vanité, mais beaucoup de noblesse et de fierté dans sa conduite. Il me paraissait avoir une grande ressemblance avec le portrait du Tasse.


Il me reste maintoiant à parler des ouvrages de Kleist, qui sont assez nombreux, et que l’on peut diviser ainsi : Théâtre, Poésies légères. Contes.

La Famille Schroffenstein, tragédie en cinq actes, est son premier essai dramatique, et l’on pourrait le deviner à cette fougue de jeunesse quelle accuse*, à ces caractères dont le fond est vrai, mais dont les temtes sont ensuite surchargées ; à ces situations évidemment hors de nature et toutes amenées en vue de l’efifet dramatique. Schiller a commencé aussi sa carrière de poète par écrire les Brigands ; mais il y a ici une force d’invention, une originabté de caractère, et une poésie qui compense amplement ce qu’il y a du reste dans ce drame d’inexpérience et d’exagération. Le sujet de la Famille Schroffenstein n’est pas neuf. Des parens