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vii
INTRODUCTION

la sagesse inconsciente de cet enfant qui passe, et vous verrez que ce que Platon, Marc-Aurèle, Schopenhauer et Pascal nous ont révélé ne soulèvera pas d’une ligne les grands trésors de l’inconscience, car l’enfant qui se tait est mille fois plus sage que Marc-Aurèle qui parle. Et, cependant, si Marc-Aurèle n’avait pas écrit les douze livres de ses méditations, une partie des trésors ignorés que notre enfant renferme ne serait pas la même. Il n’est peut-être pas possible de parler clairement de ces choses, mais ceux qui savent s’interroger assez profondément et vivre, ne fût-ce que le temps d’un éclair, selon leur être intégral, sentent que cela est. Il se peut que l’on découvre un jour les raisons pour lesquelles, si Platon, Swedenborg ou Plotin n’avaient pas existé, l’âme du paysan qui ne les a pas lus et n’en a jamais entendu parler ne serait pas ce qu’elle est infailliblement aujourd’hui. Mais quoi qu’il en puisse être, aucune pensée ne se perdit jamais pour aucune âme, et qui dira les parties de nous-mêmes qui ne vivent que grâce à des pensées qui ne furent jamais exprimées ? Notre conscience a plus d’un degré, et les plus sages ne s’inquiètent que de notre conscience à peu près inconsciente parce qu’elle est sur le point de devenir divine. Augmenter cette conscience transcen-