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FRAGMENTS

infinie, avec les transmondains mêmes ; et nous avons choisi un Dieu pour roi. Déduction des esprits et des êtres de la raison. Nos rapports avec eux. Il n’y a pas de bornes au progrès intellectuel, mais nous mettrons telles bornes ad hunc actum, transitoires, nous serons à la fois limités et illimités ; nous pourrons faire des miracles, mais nous n’en voudrons point faire. Nous pourrons tout savoir, mais ne le voudrons pas. Avec l’éducation vraie de notre volonté, progresse aussi l’éducation de notre pouvoir et de notre savoir. Dans le moment que nous serons parfaitement moraux, nous pourrons faire des miracles, c’est-à-dire, dans le moment où nous ne voulons pas en faire, tout au plus admettrions-nous des miracles moraux. (Le Christ.) Le miracle suprême est un acte vertueux, un acte de la libre détermination.

La morale est, bien entendue, l’élément vital des hommes. Elle est intimement unie à la crainte de Dieu. Notre volonté morale est la volonté de Dieu. Quand nous accomplissons sa volonté, nous rassérénons et nous élargissons notre être, et c’est comme si nous avions agi ainsi pour nous-mêmes, du fond de notre nature. Le péché est sans aucun doute le mal réel dans le monde. Tout malheur vient de lui. Celui qui comprend le péché, comprend la vertu et le christianisme, se comprend soi-même et comprend le monde. Sans comprendre cela, on ne peut s’approprier les mérites du Christ ; et on n’a point de part à cette seconde création supérieure.