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FRAGMENTS

Qu’est ce qu’une loi qui n’est pas l’expression de la volonté d’une personne aimée et digne de respect ? Le souverain mystique, n’a-t-il pas besoin, comme toute idée, d’un symbole, et quel symbole est plus digne et plus opportun qu’un homme excellent et qui mérite d’être aimé ? La brièveté de l’expression vaut bien quelque chose, et un homme n’est-il pas l’expression plus brève et plus belle d’un esprit, qu’un collège ? Celui qui a beaucoup d’esprit ne se sent pas gêné par les limites et les distinctions ; elles l’excitent plutôt. Seul, celui qui n’a pas d’esprit a le sens des obstacles et du poids. Au reste, un roi né vaut mieux qu’un roi fait. L’homme le meilleur ne pourra supporter sans altération une pareille élévation. Celui qui est né dans cet état ne connaît pas le vertige. Et au fond, la naissance n’est-elle pas le choix primitif ? Il faut que ceux qui contestent la liberté, l’unanimité de ce choix ne se soient pas sentis vivre en eux-mêmes. Celui qui vient m’objecter ici ses expériences historiques, ne sait pas de quoi il est question ni de quel point de vue je parle. C’est pour lui de l’arabe, et il ferait mieux de passer son chemin et de ne pas se mêler à des auditeurs dont l’idiome et les mœurs lui sont complètement étrangers.

La mort est le principe romantisé de notre vie. La mort est la vie. La vie est fortifiée par la mort.