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FRAGMENTS

d’étranges mélanges et d’étranges formes en sont nés. Plus la matière était fruste et variée, plus l’homme était dépourvu de goût, de culture, plus il était accidentel, plus ses produits étaient singuliers. Ce serait, en grande partie, peine inutile de nettoyer, d’épurer, d’éclaircir cette étrange et grotesque masse ; en tout cas, le temps n’est pas encore venu, où un tel travail pourrait se faire facilement. Il est réservé à l’historien futur de la magie. Mais ces choses méritent d’être collectionnées et conservées, en tant que sources très importantes de l’histoire du développement graduel de la force magique. — La magie est l’art d’employer à son gré le monde sensible.

La mort est une victoire sur soi-même, qui, comme toute victoire sur soi-même, procure une nouvelle existence plus légère.

Le suprême est le plus compréhensible, le plus proche, le plus indispensable. Ce n’est que parce que nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, parce que nous avons perdu l’habitude de nous-mêmes, qu’il y a ici une incompréhensibilité qui est elle-même incompréhensible.

Il faut que la vie d’un homme vraiment canonique soit entièrement symbolique. Toute mort, à cette condition, ne serait-elle pas une mort réconciliatrice ? — plus ou moins s’entend — et