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FRAGMENTS

sont très voisines et se confondent aisément. — En quatrième lieu, par la suspension partielle de certains sens ou de certaines excitations, qui par l’exercice et les maximes acquièrent une influence constante et prépondérante. Ainsi on s’est libéré de l’âme par le corps, et inversement on s’est libéré par tel ou tel objet extérieur ou intérieur, de l’influence de tous les autres objets. À ceci appartiennent les passions de tous genres, la foi et la confiance en nous-mêmes, en d’autres personnes, en d’autres choses, esprits, etc. Les préjugés et les opinions favorisent également une telle liberté partielle. De la sorte peut naître aussi une certaine indépendance du monde sensible, soit que l’on s’habitue au monde figuré ou représenté, soit qu’on le tienne pour seul digne d’être aimé. C’est le cas chez les savants ; il est même très fréquent et cela vient, selon ce qui est dit plus haut, du plaisir indolent que prennent d’ordinaire les hommes à ce qui est arbitraire, à ce qu’ils ont fait et fixé eux-mêmes. D’un autre côté, il y a des gens qui ne veulent pas entendre parler du monde de la représentation et des signes ; ce sont les matérialistes ou les sensuels frustes, qui anéantissent toute indépendance de ce genre, et dont on a voulu naguère ériger en système le sentiment lourd, grossier et servile. — Rousseau, Helvétius, Locke, etc., système presque généralement à la mode aujourd’hui.

Y a-t-il une échelle de vie, et la plante a-t-elle