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LA NATURE

plus chaud, et son amour aussi. Le temps s’écoulait de plus en plus rapide, comme s’il eût pressenti l’approche de son but. Un jour il rencontra une source de cristal et une foule de fleurs, au penchant d’une colline, sous de sombres colonnes qui montaient jusqu’au ciel. Elles le saluèrent amicalement avec des mots qu’il connaissait.

« Chères compatriotes, leur dit-il, où trouverai-je la sainte demeure d’Isis ? Il faut qu’elle soit proche d’ici, et les lieux vous sont plus qu’à moi familiers. » Nous ne faisons que passer, répondirent les fleurs ; une famille d’esprits est en voyage, et nous lui préparons le chemin et l’abri. Cependant nous venons de traverser une contrée où nous avons entendu prononcer votre nom. Montez plus haut, d’où nous venons, vous en apprendrez davantage. » Les fleurs et la fontaine éclatèrent de rire en disant ces paroles, lui offrirent une gorgée d’eau fraîche et passèrent leur chemin. Hyacinthe suivit leur conseil, s’enquit encore, et arriva enfin à cette demeure longtemps cherchée, qui se cachait sous des palmes et sous d’autres plantes précieuses. Son cœur palpitait d’un désir infini, et la plus douce anxiété le pénétrait devant cette demeure des siècles éternels. Il s’endormit en des parfums célestes, car le rêve seul pouvait le conduire dans le saint des saints. Et, miraculeusement, au son de musiques délicieuses et d’accords alternés, le rêve le mena par d’innombrables salles pleines d’objets étranges. Tout lui semblait connu, et cependant enveloppé d’une splendeur qu’il n’avait jamais vue. Alors,