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mières, la résultante est la mort totale du vaincu : dans les secondes, sa mort partielle.

À partir du moment où la mort partielle remplace la mort totale, une association peut s’établir entre le dominateur et le dominé, car ce dernier peut se résigner à une vie plus terne, moins exubérante. Ayant vécu, par exemple, autrefois sur le pied de 10.000 francs de revenu, il peut encore vivre, plus ou moins satisfait, sur un pied de 5.000 francs. Mais il y a encore une autre échappatoire dont il importe de parler ici. L’homme n’est pas seul dans la nature. Il n’est pas entouré uniquement d’autres hommes. Il est entouré du milieu physique. Ayant subi une défaite de la part d’un adversaire, il peut parfaitement en rejeter le poids sur d’autres êtres et sur le milieu ambiant. Je m’explique par un exemple. Un individu gagnait 10.000 francs par an. La concurrence de son voisin fait descendre son gain à 5.000 francs. Cette déchéance n’est pas définitive et sans appel. Le vaincu peut découvrir un autre procédé, plus parfait, pour exploiter le milieu naturel et obtenir non seulement 10.000 francs, comme auparavant, mais même davantage. Rien d’analogue n’est possible dans les luttes visant la mort totale, soit par absorption, soit par élimination. La gazelle, mangée par le lion, ne peut jamais renaître pour améliorer sa situation. L’arbre, desséché par l’ombre de son voisin, ne peut jamais revenir à la vie et prendre une frondaison plus belle qu’auparavant.

Tous ces faits montrent encore une fois que les comparaisons simplistes, établies par les darwiniens entre les luttes zoologiques des animaux et les luttes humaines. sont complètement fausses. En effet, dans les luttes entre animaux l’enjeu est la mort totale ; dans les luttes entre les hommes l’enjeu est la mort partielle.