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CHAPITRE VII
MÉCONNAISSANCE DE LA VÉRITABLE NATURE DES LUTTES SOCIALES


J’ai montré, au chapitre IV, que le darwinisme méconnaît l’existence de l’univers. L’erreur des darwiniens n’est pas moins profonde quand ils pénètrent dans le domaine spécial des faits sociaux. Ils en méconnaissent totalement la nature réelle. Ils croient qu’ils sont fondés uniquement sur des phénomènes physiologiques, comme l’homicide collectif. Il n’en est nullement ainsi. Tous les faits sociaux, sans exception, se ramènent à des faits psychiques. Cette vérité est tout ce qu’il y a au monde de plus banal. Aussi banal serait d’affirmer qu’en mécanique tout se ramène à des mouvements. Imaginez un savant venant annoncer à la face du monde qu’il a fait cette découverte étonnante qu’en mécanique tout se ramène à des mouvements. Quel rire homérique soulèverait une pareille déclaration ! Mais quand les sociologues de notre temps viennent proclamer le truisme aussi vulgaire qu’en sociologie tout se ramène à des actes psychiques, les sociologues rencontrent la plus complète incrédulité et parfois même la plus forte opposition. Il faudra de longues années et de persévérants efforts pour faire admettre au public cette vérité si élémentaire, que chacun peut contrôler pour son propre compte mille fois par jour. Mais il faut le redire : un phénomène social affecte d’autant moins la conscience qu’il se répète plus fréquemment. Les découvertes en sociologie consistent précisément à voir, d’une façon