Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais une suffocation, une angoisse qui l’obligeaient à s’arrêter. Le point douloureux au niveau du foie s’exaspérait ; elle éprouvait la douleur que l’on ressent au niveau de la rate après une course forcée. Elle avait aussi quelques points douloureux à gauche et quelques-uns sous le sein gauche, profondément. Après les repas, outre la sensation de plénitude, elle éprouvait encore des tiraillements, de la pesanteur ; elle était obligée de dégrafer son corset.

Sa santé s’altéra : elle pâlit, perdit l’appétit, eut des dégoûts, des perversions, quelques signes d’anémie. Elle digérait mal les aliments liquides, mieux les solides, sous un petit volume.

Il semble que son estomac réduit de volume, se refusait à recevoir une grande quantité d’aliments à la fois. Elle avait des soifs vives. Elle ne vomissait pas, ne maigrissait pas. Jamais de constipation.

Après un an de cette folle constriction, elle fut obligée, souffrant trop, de tenir plus lâche son corset. Elle n’a pourtant jamais cessé de le serrer un peu. Placée comme ouvrière, elle ne pouvait le garder pendant son travail, mais le remettait dès qu’elle sortait, ce qu’elle fait encore. Nous l’avons vue, après un repas, rougir, puis pâlir, avoir quelques sueurs, éprouver un sentiment de violente tension et des douleurs telles qu’il lui fallut enlever ses vêtements et dégrafer son corset. Alors, elle se trouva mieux. Il lui est impossible d’ailleurs de se passer complètement de son instrument de torture ; habituée à avoir le buste serré, dès qu’elle n’a plus ce tuteur rigide, elle éprouve une lassitude lombaire qui l’oblige à le remettre. C’est un fait que nous avons plusieurs fois constaté ; malgré cela, chaque fois qu’elle enlève son corset, elle ressent un grand bien-être.

Les côtes n’ont qu’un sillon peu accusé, le baril thoracique mesure, au niveau de la quatrième côte, 78 centimètres ; de la huitième, 71 centimètres : de la dernière, 66 centimètres (51 avec le corset) ; c’est donc une différence de 12 centimètres entre la quatrième et la douzième côte (de 27 centimètres avec le corset !) alors que d’après nos mensurations, il n’y a qu’une différence moyenne de trois centimètres.

Ajoutons que la malade a coutume, comme d’ailleurs la plupart des femmes, après avoir agrafé son corset, de l’abaisser, de le faire glisser en bas pour le mettre en place, augmentant encore de la sorte le refoulement des organes sous-diaphragmatiques.