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les perdent facilement conscience de la construction qu’il exerce : elles sont de bonne foi quand elles affirment qu’elles ne sont jamais serrées, alors qu’elles portent sur le corps les stigmates d’une forte compression. L’action du corset sur le tronc est comparable à celle de cercles de tuteurs sur les arbres ; l’anneau rigide est débordé au-dessus et au-dessous par le développement du squelette et s’imprime sous forme d’un sillon plus ou moins complet. Ce sillon est surtout marqué en avant et latéralement au niveau des points les plus vulnérables, les plus tendres pourrait-on dire, de la cage thoracique.

Les résultats de la constriction sont assez variables car ils dépendent d’une part de la conformation générale de la poitrine, de l’autre, de la forme de l’appareil appliqué et de la manière dont il est posé. D’après les faits observés, Hayem rattache les déformations qui peuvent se produire à trois variétés de constriction dont les conséquences se trouvent résumées en quelques mots dans les formules suivantes :

1° Variété sus-hépatique : ptôse et refoulement des organes.

2° Variété hépatique : constriction des organes qui sont comme passés, à la filière, allongés, déformés sans être nécessairement ptôses.

3° Variété sous-hépatique : refoulement pectoral, gêne thoracique prédominance.

Ces différentes formes ne se rencontrent pas toujours à l’état isolé. Elles peuvent se combiner entre elles et l’on trouve réunies chez le même sujet les déformations des variétés hépatiques et sus-hépatiques et leurs conséquences. C’est la hauteur plus ou moins grande de la zone de compression qui règle ces combinaisons. Les corsets élégants ont une ligne de compression de 2 à 3 centimètres de hauteur, mais les corsets mal faits en ont une souvent beaucoup plus étendue. Aussi est-ce dans les hôpitaux que l’on observe le plus souvent les cas mixtes.

Il faut ajouter que rien n’est plus fréquent que de trouver à l’autopsie des femmes qui portent ces diverses déformations des brides de péritonite chronique allant de la face inférieure du foie ou de la vésicule biliaire au pylore, au duodénum ou à l’angle droit du côlon. Cette périhépatite peut encore augmenter la gêne à l’évacuation et entrer pour une part dans la production de la dilatation de l’estomac et des divers symptômes gastriques.

C’est aussi au corset qu’il faut rapporter de nombreux cas d’anorexie nerveuse. Incommodées par leur digestion