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je m’aperçois que je suis en train de le compléter et d’ajouter des raisons à celles qu’il donne.

Et ici, aussi, j’estime que la doctrine de Schopenhauer confirme parfaitement celle de M. Rafford Pyke, car s’il est un être inélégant en son premier cadre, à savoir son ajustement, et en son second cadre, à savoir son habitat, c’est certainement l’être masculin.

Depuis environ la fin du règne de Henri IV, les costumes masculins, en particulier, sont la honte de l’espèce humaine. Un tel être aura tout naturellement une inclination pour celui qui — quelquefois au moins — montre du goût dans le choix et la disposition de ses deux cadres. La femme élégante encore plus peut-être que la femme gracieuse, est certaine d’exercer un grand attrait sur le sexe qui compte infiniment peu de Pétrones.

J’applaudis à cette conclusion de M. Rafford Pyke et de M. Émile Faguet, l’homme recherche surtout la femme élégante parce que la femme élégante pouvant grâce à des artifices de sa toilette masquer les défauts de son corps donne à l’homme l’illusion de la beauté.

Il y a, en effet, bien peu de femmes qui peuvent montrer nues des formes impeccables, presque toutes ont besoin de mentir à l’homme par l’arrangement du costume et, en cette façon de mentir, elles sont expertes plus que dans toutes les autres.

Le corset est là qui lui apporte son aide trompeuse et quand, grâce à lui, grâce à ses dessous, grâce à sa robe, la femme est arrivée à plaire ; à son tour, prise à son mensonge, elle s’estime non seulement élégante mais belle, estimant certificats de beauté ses succès auprès des hommes

Ce qu’il faudrait pour guérir les femmes de cette prétention et leur faire voir clair une fois dans leur vie, dit l’auteur d’un roman espagnol, ce serait une bonne loi les obligeant pendant un mois seulement à se revêtir du même costume national que les hommes : culotte collante, veste courte.

Il n’en sortirait, pas deux dans la rue sur cinquante tellement elles se trouveraient ridicules et ratées !… Les voyez-vous, par exemple, je ne dis pas en costume de toreros, mais seulement d’Aragonais, d’Andalous, n’importe ! avec leur petite taille, leurs courtes jambes, leur large ventre, leurs énormes fesses, etc. Quelles grâces, Messieurs, Mesdames ! Comparez et admirez ! Les voyez-vous aussi en Èves, debout, alignées comme on voit des régiments d’Adams de tous les âges et de toutes les tailles