Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/270

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un corps non déformé par le corset, les contours du thorax ont pour prolongement naturel les lignes de l’abdomen, dont la légère convexité est déterminée par la saillie des muscles, notamment à droite et à gauche de la ligne médiane, au dessus du nombril, qui est particulièrement riche en tissu adipeux.

La compression par le corset a pour premier résultat un sillon transversal au-dessus du nombril, sillon qui forme une division trop nette et peu naturelle du tronc en deux parties ; les parties molles de l’abdomen situées au-dessous de cette ligne sont refoulées vers le bas et en avant ; le ventre devient lui aussi de plus en plus saillant. Comme la convexité du thorax diminue, les seins retombent toujours davantage. La forte compression des muscles du ventre, particulièrement de ceux qui vont du pubis au sternum, détruit le relief de l’abdomen et en même temps son principal soutien, si bien, que le ventre devient flasque et pendant.

Un pareil corps est déformé pour toujours par la première grossesse, par le plus léger embonpoint : le ventre et les seins grossissent, deviennent toujours plus flasques et plus pendants, à la place de la taille il ne reste plus qu’un sillon transversal plissé, ridé, seul le corset est encore capable de donner pendant quelque temps l’illusion des formes qu’il a lui-même détruites[1]. Et quand vient l’heure du déshabillage, que ce soit le retour à la maison après la journée d’affaires, que ce soit la rentrée après les heures de plaisir, avec quelle satisfaction non dissimulée la femme enlève son corset. Elle vous jurera qu’elle ne se serre pas malgré que sur sa peau une large bande, brunie et excoriée plus ou moins, atteste la constriction du corset. Elle vous dira que sans corset elle serait fatiguée des reins et parce qu’elle a pris à un tel point l’habitude du corset serré qu’elle ne peut plus se passer de ce soutien, elle conclut, avec une admirable absence de logique, que cette habitude, parce que ancienne, est bonne. Que ne répond-elle plus spirituellement comme une de nos exquises artistes parisiennes : « Je dois au corset une joie quotidienne, car l’ennui de le mettre tous les matins, n’est pas comparable, selon moi, au plaisir de l’ôter tous les soirs. »

Ou bien que ne reconnaît-elle franchement les services

  1. Je regrette de n’avoir pu obtenir l’autorisation de reproduire certaines figures de la publication : L’Étude Académique, données comme types de modèles bien conformés. Le lecteur aurait pu se rendre compte mieux encore des déformations produites par le corset en considérant les modèles dont les photographies illustrent les pages 248 et 249 (année 1905).