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produits, à tous les degrés de la société anglaise, par l’usage du corset. À l’en croire, il n’y aurait pas un seul organe que cet usage n’atrophiât ou n’endommageât sans remède : le cœur, les poumons, l’estomac, le foie, les intestins. Mais surtout elle insiste sur les désastres moraux de la mode qu’elle a entrepris de détruire.

Avec toute l’autorité de ses diplômes, elle nous précise que c’est le corset qui est responsable non seulement de la méchante humeur des femmes, mais aussi de leur « méchante langue ». Elle affirme, pour achever de nous convaincre, que toutes les femmes « supérieures » qu’elle a eu personnellement l’occasion de connaître, toutes celles qui réalisaient à un haut degré « l’idéal de leur sexe », étaient des femmes qui ne portaient point de corset, ou qui tout au moins, « ne se servaient pas du corset comme d’un moyen de constriction ». Et elle ajoute : « Si seulement les femmes pouvaient se débarrasser du corset, comme la vie de ménage deviendrait délicieuse ».

C’est là au reste une thèse qui n’a rien de nouveau particulièrement pour le public anglais. « La croisade contre le corset a pris naissance aux États-Unis, à la voix d’une féministe déterminée, Mme Bloomer, qui déjà a réussi à supprimer le corset et la jupe et à faire adopter l’usage des culottes dans plusieurs établissements d’éducation pour filles. Bien plus, elle a réussi à réformer jusqu’aux toilettes de soirées de ses disciples, et l’on a pu voir, de l’autre côté de l’Atlantique, des bals Blooméristes, où toutes les danseuses portaient d’amples pantalons d’aspect oriental. En Russie, une ligue s’est formée, en 1895, sous le patronage de la princesse d’Oldenbourg, pour combattre les pernicieuses excentricités des modes féminines. Une ligue du même genre existe en Angleterre. En Hongrie, le ministre de l’instruction publique a promulgué récemment un décret interdisant le port du corset à toutes les jeunes filles dans les écoles du royaume. Enfin, en Allemagne, en Autriche, en Hollande, sont publiés des journaux spéciaux qui mènent vigoureusement campagne en faveur d’une réforme hygiénique du costume des femmes. »

À Vienne une ligue s’est formée pour propager un nouveau costume féminin. Celui-ci consistait en un péplum modérément ajusté par le haut et s’évasant par en bas. Le vêtement serait soutenu par les épaules et non plus par les hanches. D’après la baronne Pack ce ne serait pas là un simple fourreau, mais un élégant costume qui sans dessiner les formes les laisserait deviner.