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Et pour Mme Gaches-Sarraute chaque fois que la cage thoracique amoindrie se termine à la base en forme de cône tronqué à sommet inférieur c’est qu’une cause plus ou moins intense a déformé le thorax (Le Corset. p. 9).

Cette assertion ainsi généralisée repose évidemment sur une erreur. Le thorax n’est point conique, car sa partie inférieure n’est pas le point où il offre le plus d’étendue, puisque sa circonférence va en diminuant à partir des fausses côtes. Il est donc, en réalité, dans les deux sexes, en forme de baril ou doliforme : Figura thoracis, dit Haller,… aut dolium aut corpus elliptoides œmulatur, quod et superne angustior sit et inferne, medius latescat.

Mais ce n’est pas tout : d’après les recherches de Sœmmering, qu’on ne soupçonnera pas d’être trop favorable aux corsets, cette disposition serait naturellement plus marquée chez la femme bien conformée que chez l’homme, indépendamment de toute influence extérieure. Cette forme du thorax est-elle encore exagérée par l’usage des corsets comme elle l’était par les corps au rapport de Winslow, et abstraction faite des abus partiels dont j’ai rappelé plus haut les suites ? C’est là une question que nos traités modernes d’anatomie ne peuvent résoudre, puisque l’on n’y a pas tenu compte du resserrement normal de la partie inférieure de la poitrine.

À la vérité, Cruveilhier, dans son Traité d’anatomie, Hourman et Dechambre, dans les Archives générales de médecine, ont décrit comme résultant de l’usage des corsets des déformations trop prononcées pour pouvoir être rapportées à l’état normal ; mais leur origine est loin d’être toujours évidente. D’abord, toutes ces observations ont été faites à l’hospice de la Salpêtrière, de sorte que l’état sénile complique tous les faits, et qu’il n’est pas facile de distinguer son Influence de celle des vêtements eux-mêmes. Hourman et Dechambre attribuent à la première cause l’aplatissement latéral du haut du thorax, qu’ils ont rencontré sur beaucoup de sujets. Pourquoi la même circonstance ne produirait-elle pas également le rétrécissement de sa partie inférieure qu’ils rapportent à l’usage du corset ? L’inclinaison du rachis en avant exerce ici une influence qui me semble avoir été en partie méconnue. Cette inclinaison abaisse les côtes, change leur forme, les déprime latéralement, les allonge en avant et, par la direction nouvelle qu’elle donne à l’axe de la poitrine, applique plus fortement sa base sur la face convexe du foie.

Les observateurs que j’ai cités n’ont d’ailleurs rien