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La gêne circulatoire qui se fait sentir aux environs du cœur se propage de proche en proche, la circulation périphérique s’accomplit mal ; les parties sur lesquelles s’exerce la pression du corset ont de plus leurs capillaires comprimés et sont d’autant mal nourris ; à la moindre cause, on verra se produire des congestions dans divers organes : poumon, foie, cerveau, etc.

Comme conséquence de ces troubles des fonctions physiologiques si importantes pour la vie de l’organisme : respiration et circulation, les évanouissements, les syncopes sont fréquentes chez les femmes qui ont la déplorable habitude de trop se serrer la taille. Le séjour dans un endroit peu aéré ; une émotion un peu vive, un exercice trop violent, même la station debout un peu prolongée, suffisent chez elles pour faire un obstacle à l’hématose qui suspend l’arrivée d& l’oxygène au cerveau et provoque une perte de connaissance, perte du sentiment et du mouvement avec pâleur de la peau, suspension plus ou moins marquée de la respiration et un affaiblissement considérable de la circulation sanguine. Quoique la syncope soit le plus souvent passagère et qu’il suffise d’habitude d’enlever le corset pour détruire les obstacles circulatoires et rendre le jeu de la respiration plus facile pour que ces victimes de la mode ou de la coquetterie reprennent leurs sens, cependant la syncope aboutit quelquefois à la mort. »

Voilà certes des conclusions sévères.

Il est vrai que le corset peut amener de sérieux troubles de la circulation et il en est de même pour tout vêtement apportant une gêne circulatoire, tel un faux-col, une ceinture trop serrés, il est vrai aussi que le corset peut provoquer des syncopes et même amener la mort subite. Ambroise Paré a raconté l’histoire d’une jeune mariée qui mourut pendant la cérémonie nuptiale pour s’être trop serrée. Réveillé-Parise a rapporté qu’une dame très forte qui luttait tellement contre une obésité croissante, qu’elle se faisait lacer par sa domestique à plusieurs reprises, jusqu’à suffocation et une fois pendant cette opération barbare, elle mourut subitement d’apoplexie. Ce même Réveillé-Parise raconte qu’une dame célèbre par sa beauté au temps de l’Empire, ayant entendu dire que la peau de renne était complètement inextensible, en fit venir une du Nord, on en forma un sac dans lequel elle se fit coudre la poitrine et le ventre ; cette nouvelle espèce de cuirasse ne put cependant être supportée que peu de mois ; il n’y eut pas moyen de résister à cause des suffocations et d’indéfinissables malaises.