Page:O’Neddy - Poésies posthumes, 1877.djvu/219

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On dit qu’un noble enfant cria : — « Fendez ma veine.
Que tout mon jeune sang, transfusé dans la sienne,
De ses jours précieux ranime le flambeau ! »

A quoi le moribond fit en hochant la tête :
— « Je ne reprendrais là qu’une vie incomplète ;
Ton sang ne serait plus le sang de Mirabeau !…




V.

MARAT.


Qu’on ouvre à deux battants Bedlam aux lunatiques
Qui voudraient dans l’Olympe asseoir l’ogre Marat.
Que cet homme ait été plus fou que scélérat,
C’est tout ce que j’accorde à leurs cris fanatiques.

Mais, vrai Dieu ! dans l’azur des lumineux portiques,
Hisser ce roi du meurtre aux haillons d’apparat !
Ériger en lion cet immonde verrat !
L’introniser parmi les grands tribuns antiques !

Parle, bon La Palisse, oracle familier !
Dis que pour tout regard tant soit peu régulier
Les égouts ne sont pas à la hauteur des cimes.

Dis encor qu’un bourreau n’est pas un chevalier ;
Et que rage et courage, — à peu près homonymes -
Ne sont pas, et jamais ne seront synonymes !