gliger notre commerce, & l’abandonner, pour ainſi dire, à tous ceux qui voudroient s’en emparer ? Ils pourroient dire :… Voilà un beau royaume, qui, pour avoir voulu faire reſpecter ſon pavillen & protéger ſes Colonies, s’eſt procuré un déficit de deux ou trois milliards pour en laiſſer retirer l’avantage aux autres Nations.
Oui, François ! les deux dernières guerres vous coûtent cette ſomme immenſe. Eh ! nous pourrions, après de pareils ſacrifices, conſentir à ouvrir nos Ports d’Amérique à des Étrangers, qui en exportoient les denrées directement chez eux, & ce pour favoriſer un certain nombre de Colons qui ne payent que fort peu d’impoſitions à la Métropole ? Songeons au contraire que nous avons à craindre une Nation libre & rivale de notre commerce, auſſi guerrière qu’ambitieuſe, & qui, dans ce moment, eſt digne de nous ſervir de modèle dans bien des points.
On ne peut pas ſe le diſſimuler : les intérêts de la France ſont compromis, pour ne pas dire plus, ſi on accueille favorablement les prétentions injuſtes, impolitiques & anti-patriotiques de MM. les Députés des Colonies : on n’en ſeroient que trop tôt convaincue par le déſordre & les calamités ſans nombre que leur ſuccès ne manqueroit pas d’occaſionner dans les Provinces de Bretagne, de