Page:Observations sur Le festin de pierre.djvu/27

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qu’elle peut recevoir d’une veritable et solide pieté.

Son Avarice ne contribue pas peu à réchauffer sa veine contre la Religion. Je connais son humeur, il ne se soucie pas qu’on fronde ses pieces, pourveu qu’il y vienne du monde[1]. Il sait que les choses deffenduës irritent le desir, et il sacrifie hautement à ses interests tous les devoirs de la pieté : c’est ce qui luy fait porter avec audace la main au Sanctuaire, et il n’est point honteux de lasser tous les jours la patience d’une grande Reyne, qui est continuellement en peine de faire reformer ou supprimer ses Ouvrages. Il est vray que la foule est grande à ses Pieces, et que la curiosité y attire du monde de toutes parts ; mais les gens de bien les regardent comme des Prodiges ; ils s’y arrestent de mesme qu’aux Eclipses et aux Cometes : parce que c’est une chose inoüie en France de jouer la Religion sur un Theatre, et Moliere a très-mauvaise raison de dire qu’il n’a fait que traduire cette Piece de l’Italien, et la mettre en François ; car je luy pourrois repartir que ce n’est point là nostre coutume, ny celle de l’Eglise : l’ltalie a des vices et des libertez que la France ignore, et ce Royaume très-chrestien a cet avantage sur tous les autres, qu’il s’est maintenu tousjours dans la pureté de la Foy, et dans un respect inviolable de ses Mysteres. Nos Roys qui surpassent en grandeur et en pieté tous les Princes de la terre, se sont montrez très-severes en ces rencontres et ils ont armé leur justice et leur zele autant de fois qu’il s’est agi de soustenir l’honneur des Autels, et d’en

  1. L’édition originale porte en marge « Dans sa Critique ». Voir La Critique de l’École des femmes. Scène VI, p. 535.