Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/223

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il tenait à cet excellent serviteur, des amis lui conseillèrent de le laisser à la maison…

— Aussitôt là-bas… il sera circonvenu, pris, embauché par des compatriotes… Vous ne le reverrez plus…

Son boy ? La fidélité même… Allons donc !… Les autres boys, peut-être… mais le sien ?… C’était absurde… Il l’emmena. À Batavia, au débarquement, il laissa son petit bonhomme se débrouiller avec les bagages, et lui recommanda de les apporter au palais du gouverneur, où il devait loger, durant son séjour, et où il se rendit sans plus tarder. Deux heures, trois heures, quatre heures se passèrent… Pas de boy… Qu’était-il donc arrivé ?… Il envoya aux informations : pas de boy… Très inquiet, M. X… allait prier le gouverneur de mettre sur pied la police, quand, vers le soir, un commissionnaire nègre vint apporter les bagages et une lettre. La lettre était du boy… Il y expliquait, avec beaucoup de regrets, qu’il était obligé de quitter son service, vu qu’il était installé horloger, dans un beau quartier de Batavia… Horloger ?… Déjà !… C’était une plaisanterie, sans doute… M. X… courut à l’adresse indiquée. Il entra dans une petite boutique, et vit, assis devant l’établi, la loupe à l’œil, le boy, qui, avec une aisance parfaite, examinait le mécanisme d’une montre…

— Tu es fou !… cria M. X… Qu’est-ce que cela veut dire ?…

Alors, le boy raconta que, durant qu’il attendait les bagages, un vieux Chinois l’avait abordé… Ils avaient longtemps causé, discuté…

— Qu’est-ce que tu veux faire ? avait dit le vieux Chinois… Veux-tu être tailleur… cuisinier… médecin… horloger ?… Quoi ?… Dis ce que tu veux…