Page:Octave Mirbeau - La 628-E8 - Fasquelle 1907.djvu/87

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Il ne m’a pas échappé que, se sentant regardée, admirée, elle a prodigué peut-être pour le portier de l’hôtel, peut-être pour le passant qui passe, peut-être pour moi aussi, le charme multiple de ses gestes, la grâce glissée ou appuyée de ses œillades. Mais je n’en tire aucune vanité, aucun espoir. Je connais ces coquetteries et jusqu’où elles vont, ou plutôt, jusqu’où elles ne vont pas.

Du reste, il serait tout à fait surnaturel que, dans un hôtel de Bruxelles, il pût m’arriver des aventures qui ne me sont jamais arrivées dans aucun hôtel du monde.

N’y pensons plus, comme chante M. Gounod, et allons bravement voir le Manneken-Piss, puisque c’est par là que tout finit, ici…

Tout de même, le soir, j’ai voulu m’informer auprès du garçon :

— C’est une dame de Paris… explique-t-il… elle vient quelquefois… elle se fait appeler Madame X… mais nous savons que ce n’est pas son nom…

— Ah ?

— Oui…

Il s’approche de moi, et tout bas, avec une sorte de gravité confidentielle :

— Le Roi en est !…



L’accent belge.


Leurs théâtres, sauf le théâtre du Parc, qui est tout à fait français, c’est presque la Comédie-Française, presque l’Opéra, presque les Nouveautés, presque l’Olympia, mais avec l’accent. Or, cet accent est triste et comique, à la façon d’un air faux.