Que d’orphelins plaintifs ! de mères expirantes !
De vieillards vertueux consumés par la faim !
D’innocens dans les fers ! de familles errantes
Qui demandent du pain !
Ah ! crains d’entendre un jour leurs ombres irritées
Venir en gémissant te reprocher leur mort.
Crains cet effroi vengeur des ames tourmentées
Par les cris du remord.
» Qui moi pour des ingrats que je me sacrifie !
» Zélés par intérêt } perfides avec art,
» Au sein du bienfaiteur qui leur donna la vie
» Ils plongent le poignard.
» Tout est chez les humains ou tiran ou victime.
» Sous le coupable heureux le juste est abbattu.
» L’or étouffe l’honneur ; & les succès du crime
» Fatiguent ma vertu.
» Laisse-moi donc mourir dans mon obscur asile…
Ainsi tu crains le vice, & fuis les cœurs pervers.
Mais quoi, loin des humains si la vertu s’exile,
Que fera l’Univers ?