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Le ſoleil épuiſé dans ſa brûlante courſe
De ſes feux par degrés verra tarir la ſource ;
Et des mondes vieillis les reſſorts s’uſeront.
Ainſi que les rochers qui du haut des montagnes
Roulent dans les campagnes,
Les aſtres l’un ſur l’autre un jour s’écrouleront.

Là, de l’éternité commencera l’empire ;
Et dans cet océan, où tout va ſe détruire
Le Temps s’engloutira, comme un foible ruiſſeau.
Mais mon ame immortelle, aux ſiècles échappée,
Ne ſera point frappée,
Et des mondes briſés foulera le tombeau.

Des vaſtes mers, grand Dieu, tu fixas les limites.
C’eſt ainſi que des Temps les bornes ſont preſcrites.
Quel ſera ce moment de l’éternelle nuit ?
Toi ſeul tu le connois ; tu lui diras d’éclore ;
Mais l’univers l’ignore ;
Ce n’eſt qu’en périſſant qu’il en doit être inſtruit.

Quand l’airain frémiſſant autour de vos demeures,
Mortels, vous avertit de la fuite des heures,