Page:Ode sur le temps; Ode sur Devoirs de la Société.pdf/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

De vivre avec ſoi-même ;
Vous pourrez ſans effroi compter tous vos inſtans.

Si je devais un jour pour de viles richeſſes
Vendre ma liberté, deſcendre à des baſſeſſes,
Si mon cœur par mes ſens devait être amolli ;
Ô Temps ! je te dirois, Préviens ma dernière heure ;
Hâte-toi que je meure ;
J’aime mieux n’être pas, que de vivre avili.

Mais ſi de la vertu les généreuſes flâmes
Peuvent de mes écrits paſſer dans quelques ames ;
Si je peux d’un ami ſoulager les douleurs ;
S’il eſt des malheureux dont l’obſcure innocence
Languiſſe ſans défenſe,
Et dont ma foible main doive eſſuyer les pleurs ;

Ô Temps, ſuſpends ton vol, reſpecte ma jeuneſſe ;
Que ma mère, long-temps témoin de ma tendreſſe,
Reçoive mes tributs de reſpect & d’amour ;
Et vous, Gloire, Vertu, déeſſes immortelles,
Que vos brillantes ailes
Sur mes cheveux blanchis ſe repoſent un jour.

FIN.