Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/125

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au renouvellement des siécles prédit par leurs oracles, et les juifs à la venue de ce messie prédit par leurs prophètes. Dans cette attente générale, J C paroît, prouve sa mission par ses miracles et par sa doctrine. Le châtiment des juifs prouve leur crime : le rapide progrès de la religion, les martyrs, et leurs miracles font tomber le paganisme en ruines ; et il est entiérement aboli par les barbares que Dieu appelle du fond du nord pour détruire Rome enivrée du sang chrétien, et former une Rome nouvelle, dont la grandeur qu’elle conserve jusqu’aujourd’hui, sert encore de preuve à une religion déja prouvée par tant de faits.

Mais quelque admirable qu’elle soit par son histoire, elle semble par ses mystéres et par sa morale révolter l’esprit et le cœur : il me reste à parler à l’un et à l’autre.


Chant V.

Je tâche dans le cinquiéme chant d’humilier cet esprit si fier. Les mystéres, il est vrai, paroissent contredire la raison ; mais la raison ne doit point être notre seule lumiere : par elle seule nous ne sommes qu’ignorance : comment pourrions-nous lire dans le grand livre des secrets du ciel, puisque nous ne lisons presque rien dans le livre de la nature, qui semble ouvert à nos pieds ? Qu’avons-nous appris depuis que nous l’étudions ? Quelques faits : jamais les causes. La nature même ne nous laisse jamais entrer dans son sanctuaire. Une histoire abregée de nos progrès dans la physique, en est la preuve. Le hasard qui nous a procuré quelques découvertes, nous a peu à peu guéris de nos anciennes erreurs. La raison a semblé établir son régne depuis Descartes et Newthon : mais tous deux, en nous montrant la grandeur de l’esprit