Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/129

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élébre Grotius à mettre d’abord en vers hollandois, quoique dans un style simple et à la portée du vulgaire, son excellent traité de la vérité de la religion chrétienne, qu’il donna depuis en prose latine, et qui a été traduit en tant de langues. Il voulut fournir à ses compatriotes, que le commerce conduit parmi tant de nations, et par conséquent parmi tant d’opinions, un ouvrage dont la lecture servît à les affermir dans la foi, en même-tems qu’elle les délasseroit pendant ces momens d’oisiveté que laisse une longue navigation. Et lorsqu’il osa mettre en vers un sujet pareil, il s’attendit à cette indulgence qu’on doit avoir pour les auteurs, qui, suivant les paroles d’un ancien, dans une entreprise, dont la difficulté ne les a point rebutés, ont préféré le desir d’être utiles, à l’ambition de plaire.

C’est encore à l’exemple de cet homme illustre, que j’ai ajouté des notes, dont la plûpart sont absolument nécessaires, ou pour dévélopper les raisonnemens, ou pour autoriser les faits. J’établis presque toûjours ces faits sur le témoignage des écrivains payens, parce que les aveux de nos ennemis sont des preuves pour nous. Si je cite quelquefois les poëtes et les philosophes profanes, c’est pour faire voir que sur des vérités si importantes, les plus grands génies de l’antiquité ont pensé comme nous, parce que la raison a tenu le même langage à tous ceux qui l’ont écoutée attentivement : que loin d’être contraire à la religion, comme le croient ceux qui ne l’ont pas bien consultée ;