Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/135

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Mais pour toi, que jamais ces miracles n’étonnent,
Stupide spectateur des biens qui t’environnent ;
Ô toi qui follement fais ton dieu du hasard,
Viens me développer ce nid, qu’avec tant d’art,
Au même ordre toujours architecte fidèle,
A l’aide de son bec maçonne l’hirondelle.
Comment pour élever ce hardi bâtiment
A-t-elle en le broyant arrondi son ciment ?
Et pourquoi ces oiseaux si remplis de prudence
Ont-ils de leurs enfants su prévoir la naissance ?
Que de berceaux pour eux aux arbres suspendus !
Sur le plus doux coton que de lits étendus !
Le père vole au loin, cherchant dans la campagne
Des vivres qu’il rapporte à sa tendre compagne :
Et la tranquille mère, attendant son secours,
Echauffe dans son sein le fruit de leurs amours.
Des ennemis souvent ils repoussent la rage,
Et dans de faibles corps s’allume un grand courage.
Si chèrement aimés, leurs nourrissons un jour,
Aux fils qui naîtront d’eux rendront le même amour.

Quand de nouveaux zéphyrs l’haleine fortunée
Allumera pour eux le flambeau d’hyménée,
Fidèlement unis par leurs tendres liens
Ils rempliront les airs de nouveaux citoyens ;
Innombrable famille, où bientôt tant de frères
Ne reconnaîtront plus leurs aïeux ni leurs pères.
Ceux qui de nos hivers redoutant le courroux,
Vont se réfugier dans des climats plus doux,
Ne laisseront jamais la saison rigoureuse
Surprendre parmi nous leur troupe paresseuse.