Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/138

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Un mot y fait rougir la timide pudeur.
Le mépris y réside, ainsi que la candeur,
La douceur, dont l’aspect désarme la colère,
La crainte et la pâleur, sa compagne ordinaire,
Qui dans tous les périls funestes à nos jours,
Plus prompte que la voix appelle du secours.
Quelle foule d’objets l’œil réunit ensemble !
Que de rayons épars ce cercle étroit rassemble !
Tout s’y peint tour à tour. Le mobile tableau
Frappe un nerf qui l’élève, et le porte au cerveau.
D’innombrables filets, ciel ! Quel tissu fragile !
Cependant ma mémoire en a fait son asile,
Et tient dans un dépôt fidèle et précieux,
Tout ce que m’ont appris mes oreilles, mes yeux :
Elle y peut à toute heure et remettre, et reprendre :
M’y garder mes trésors, exacte à me les rendre.
Là ces esprits subtils toujours prêts à partir
Attendent le signal qui les doit avertir.
Mon âme les envoie : et ministres dociles
Je les sens répandus dans mes membres agiles :
A peine ai-je parlé qu’ils sont accourus tous.
Invisibles sujets, quel chemin prenez-vous ?
Mais qui donne à mon sang cette ardeur salutaire ?
Sans mon ordre il nourrit ma chaleur nécessaire.
D’un mouvement égal il agite mon cœur :
Dans ce centre fécond il forme sa liqueur :