Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/177

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Les fleuves effrayés remonter à leur source,
L’astre pompeux du jour s’arrêter dans sa course.
Mais frappé tout à coup par l’éclat glorieux,
Que les prophètes saints font briller à mes yeux ;
Chez un peuple qui marche au milieu des miracles
Je ne veux m’arrêter qu’au plus grand des spectacles.
Dans un temps qu’à des jours et tranquilles et longs,
A des fertiles champs, à des troupeaux féconds,
Il semble que le ciel ait borné ses promesses ;
On voit, ambitieux de plus nobles richesses,
Des hommes pleins du Dieu dont ils sont inspirés.
Errants, de peaux couverts, des villes retirés,
Ils n’y vont quelquefois, ministres inflexibles,
Que pour y prononcer des menaces terribles.
Aux rois épouvantés ils n’adressent leur voix,
Que comme ambassadeurs du souverain des rois.
Chassés, tristes objets d’opprobres et de haines,
Déchirés par le fer, maudits, chargés de chaînes,
Dans les antres cachés, contents dans leur malheur
De se rassasier du pain de la douleur,
Admirables mortels dont la terre est indigne,
Ils répètent que Dieu rejettera sa vigne ;
Que sur une autre terre, et sous un ciel nouveau
Le loup doit dans les champs bondir avec l’agneau
Ils répètent que Dieu las du sang des génisses,
Abolissant enfin d’impuissants sacrifices,
Verra la pure hostie immolée en tous lieux :
La terre produira son germe précieux.
Du juste de Sion, que les îles attendent,
Déjà de tous côtés les rayons se répandent.