Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/188

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Combien d’avant-coureurs annoncent ta ruine !
Et la guerre étrangère, et la guerre intestine,
Et les embrasements, et la peste, et la faim,
Que de maux rassemblés ! L’orage éclate enfin.
Le nuage est crevé, je vois partir la foudre.
Jérusalem n’est plus, et le temple est en poudre.
Ce n’est point à Titus que les lauriers sont dus :
Ce n’est point moi, dit-il, leur dieu les a perdus.
Oui sans doute le ciel les punit d’une offense :
Je n’ai fait que prêter mon bras à sa vengeance.
Ils l’ont bien mérité ce châtiment affreux.
Le sang de leur victime est retombé sur eux.
Le père a pour longtemps proscrit ses fils rebelles :
Le maître a retranché les branches infidèles.
Il n’a point toutefois arraché l’arbre ingrat ;
Mais un nouveau prodige en a changé l’éclat.
Sur cet arbre étonné que de branches nouvelles,
Sauvages autrefois, aujourd’hui naturelles !
Que vois-je ? L’étranger dépouille l’héritier,
Et le fils adopté succède le premier.
De ces nouveaux enfants que la mère est féconde !
Ils ne font que de naître, et remplissent le monde.
Les maîtres des pays par le Nil arrosés,
D’une antique sagesse enfin désabusés,
Ont déjà de la croix embrassé la folie.
A l’aspect d’un bois vil le Parthe s’humilie :