Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/55

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Tout ce qui leur déplaît leur devient hérésie.
Répondez-moi pourtant. Le sauveur qui nous crie :
O vous qui gémissez sous le faix des travaux,
Accourez tous à moi, je finirai vos maux ;
Ne dit-il pas ? sans moi vous ne pouvez rien faire :
Vous ne pouvez venir qu’attirés par mon pere.
Vous allez, je le vois, avec subtilité
Eluder de ces mots la sainte autorité.
Toutefois épargnez votre soin téméraire.
Je conviens avec vous que l’homme peut tout faire :
Oui, qu’il peut à toute heure obéir à la loi.
Mais vous devez aussi convenir avec moi,
Que nous ne mettrons point ce pouvoir en usage
Si notre volonté n’y joint pas son suffrage,
Elle qui pour le bien le refuse toujours,
Si Dieu pour la fléchir n’accorde son secours.
Non, malgré ses efforts, la brebis égarée
Ne retrouvera point la demeure sacrée,
Si le tendre pasteur ne la prend dans ses bras,
Et jusqu’à son troupeau ne la rapporte pas.
Quand je sens pour le bien un desir véritable,
N’est-ce donc pas alors Dieu qui m’en rend capable ?
Dieu seul fait tout en nous : c’est lui dont la bonté
Y forme tout desir et toute volonté.
La créature entiere est soumise à son maître :
Nous devons la pensée à qui nous devons l’être.