Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/65

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Et du saint si fameux par ses rares écrits
Les disciples savans éleverent leurs cris.
Pour ramener la paix dans l'église troublée,
Le pontife appella la fameuse assemblée,
Où Lemos défenseur des célestes secours,
Du mensonge hardi perçant tous les détours,
Débrouilla, confondit la doctrine nouvelle.
Clément alloit lancer son tonnerre sur elle.
Il vous rendoit vainqueurs, disciples d'Augustin :
Mais sa mort vous priva d'un triomphe certain.
Assis au même thrône, et plein du même zèle
Paul fit dresser l'arrêt qu'attendoit tout fidelle.
L'humble école espéra, sa rivale craignit ;
Mais dans le vatican le foudre s'éteignit.
De m... qu'alors épargna l'anathême,
Ne rejettons pas moins le dangereux systême.
L'orgueil sera toujours prompt à le recevoir :
Il flatte la raison qui veut tout concevoir.
Le ciel à nos regards n'a plus rien d'invisible :
On perce de la foi le nuage terrible :
Des mysteres divins le voile est écarté.
Mais pour moi qui chéris leur sainte obscurité,
Je ramene le voile, et ne veux pas comprendre
Ce que l'homme doit croire, et ne doit point entendre.
Une mortelle main pourroit-elle arracher
Les sceaux qu'au livre saint Dieu voulut attacher ?
Toi seul, agneau puissant, ô victime adorable,
Toi seul tu peux ouvrir le livre respectable.
Hélas, s'il étoit vrai qu'un serviteur heureux,
Ministre obéissant, vînt remplir tous mes vœux :