Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/73

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CHANT QUATRIÈME

 
Redoublons, s'il se peut, l'ardeur qui nous anime :
Elevons notre voix sur un ton plus sublime :
Osons du Dieu vivant célébrer la grandeur :
Osons de ses desseins montrer la profondeur.
Desseins toujours cachés, secrets impénétrables,
Jugemens éternels, et loix irrévocables,
Loix terribles d'un Dieu qui voit dans l'avenir
Ceux qu'il veut couronner, et ceux qu'il veut punir.
Des siécles à ses yeux qu'est-ce que l'étendue ?
Tous les siécles entiers sont un jour à sa vûe :
L'avenir est pour lui l'ordre de ses arrêts :
Il lit nos volontés dans ses propres decrets.
Mystere ténébreux, qui pourra le comprendre ?
Mais, seigneur, devant toi tout l'homme n'est que cendre.
Sans les examiner, qu'il reçoive tes loix.
O Dieu de vérité, quand tu parles, je crois ;
De ma fiere raison j'arrête l'insolence ;
Loin de t'interroger, je t'adore en silence.
Je crois tes dogmes saints, quoiqu'ils me soient voilez :
Je les chante ; mortels, écoutez, et tremblez.
De nos fragiles corps Dieu conserve la vie :
Lui seul répand le jour dans notre ame obscurcie :
Par lui nos cœurs glacés s'enflamment pour le bien.
Mortels, vous devez tout à qui ne vous doit rien.
Vous ne tenez jamais que de sa bonté pure,
Et les dons de la Grace, et ceux de la nature.