Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/100

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l’austère majesté arrêta quelque temps l’œil surpris du sombre Bertram.

IX.

Il restait plongé dans ses réflexions farouches, repassant dans son âme son étrange vision, sa trahison inutile, et le lâche assassinat de son seigneur : crime si terrible et si atroce, pense-t-il, qu’il interrompt le repos de la tombe. Il rêvait aussi à Redmond ; à ce Redmond si acharné à sa poursuite, qu’il s’imaginait que le perfide Oswald avait lui-même mis sa tête à prix, pour s’emparer des trésors de Mortham. Il jurait de tirer une triple et prompte vengeance de ce page si téméraire et si vain, deWilfrid ; et surtout de son père.

Si dans cette disposition de l’esprit (comme disent des légendes qu’on révérait ; encore dans ces temps de simplicité) l’ennemi de l’homme peut profiter de l’invocation qu’on lui adresse, il y avait sur les bords de la Greta un misérable prêt à vendre son âme pour une vengeance assurée. Mais vainement le féroce Bertram exprimait dans sa rage les menaces les plus terribles qui eussent jamais retenti jusqu’au fond des abîmes de l’enfer, aucun nuage sinistre ne vint voiler de son ombre les arbres de la forêt, aucun tonnerre souterrain n’ébranla la terre ; le démon connaissait déjà le cœur du meurtrier, et dédaigna de le tenter par une ruse inutile.

X.

Au milieu des pensées de vengeance qui bouleversent l’âme de Bertram, le souvenir du fantôme du châtelain venait troubler son esprit… Était-ce un rêve ? ou avait-il vu réellement ce même Mortham qu’il avait tué ; le seul homme qui put le faire trembler sur la terre ?…

Pendant que, les yeux constamment fixés sur les rochers, il cherchait à deviner ce qu’il pouvait y avoir de mystérieux dans cette apparition, un éclair soudain vint se refléter sur l’onde, comme la clarté qui jaillit de la lame d’un glaive ou du fer d’une lance ; Risingham se