Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/120

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114 ROKEBY.

leur et d’effroi. Ferraught tourne vers lui des regards attendris, et s’efforce avec douceur de calmer les sanglots de l’enfant. Oubliant son agonie et sa mort prochaine, il le bénit et le bénit encore. Il approche de ses lèvres ses petites mains tremblantes, l’embrasse, et prie, dans la langue de sa terre natale, tous les saints du ciel de veiller sur ses jours. Rassemblant toutes ses forces, il voudrait répéter son message à Rokeby, mais à peine a-t-il balbutié quelques mots et exprimé le reste par ses gestes mourans, qu’il pousse un long soupir : — Que le ciel bénisse les O’Neale dit ce serviteur fidèle ; et il expira.

X.

On fut long-temps à adoucir la douleur du jeune exilé d’Erin, et à Iui faire achever le récit de son conducteur. Il raconta enfin comment son aïeul avait été force de fuir son toit envahi et d’errer sans asile. Il n’en eût point été ainsi, ajouta-t-il fièrement, si lui, Redmond, avait eu la force de tirer du fourreau la redoutable épée de Lenaugh-More 1 le Roux. On comprit dans ses phrases souvent interrompues que son guide était son père nourricier, qui portait avec lui des lettres et des dons précieux, lorsque des bandits le rencontrèrent dans la forât. Ferraught combattit vaillamment jusqu’à ce que, épuisé par les blessures et la fatigue, il fut dépouillé de tout, et n’eut plus que la force de se traîner jusqu’au château de Rokeby.

L’enfant, en parlant de Ferraught, se livrait de nouveau à ses regrets et à ses gémissemens.

XI.

La larme qui tombe sur la joue de l’enfance est comme la goutte de rosée qui humecte une fleur la brise du printemps soupire, et agite le buisson : — la rosée a déjà disparu. Gagné par les tendres soins de Rokeby, le malheureux orphelin sourit bientôt à ses nouveaux protecteurs ; rien n’était doux comme son regard ; rien n’était

(1) Lenaugh-le-Grand. — Én.