Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/123

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rêver sur le bord des ruisseaux ou sous l’ombrage silencieux ; mais ce fut pour y charmer les heures par une pensée plus consolante : — il ne songeait plus qu’à ces princesses des temps de la chevalerie, qu’un preux obtenait à la pointe de son épée ; il comptait aussi les héros de sa race : le grand Nial des neuf otages, l’intrépide Shane-Dymas, Geraldine, et ce Connan-More, qui consacra sa postérité aux dieux de la guerre et de la chasse, maudissant tous ceux de ses descendans qui mettraient l’épée dans le fourreau pour s’armer de la faucille, ou qui abandonneraient les montagnes et les forêts pour s’ensevelir dans un château. De tels exemples enflammaient le jeune Redmond, lui donnaient des espérances, et son cœur bondit de joie au son guerrier de la trompette.

XV.

Si les dames étaient le prix de la valeur et d’une épée glorieuse, Redmond avait, à ces deux titres, des droits sur Matilde ; mais, de plus, il brillait par ces hautes qualités qui conviennent à l’héritier d’un noble baron.

Turlough O’Neale avait sauvé la vie du seigneur de Rokeby dans les guerres d’Erin. Les soins du généreux chevalier avaient acquitté avec Redmond la dette de la reconnaissance ; ses bienfaits ne produisirent que d’heureux fruits dans son jeune élève : aucun chevalier du nord, ne dirigeait un coursier avec plus d’adresse ; depuis Tynemouth jusqu’au Cumberland, aucun ne maniait aussi bien que Redmond l’épée des chevaliers. Franc et joyeux dans son humeur, toujours courtois, généreux et brave, Red moud O’Neale eût séduit tous les cœurs.

XVI.

Sir Richard l’aimait comme son fils. Lorsque l’heure des combats fut arrivée, et qu’il déploya dans les airs la bannière de ses ancêtres, ce fut Redmond, objet de tous ses soins, qu’il choisit pour porter cet étendard illustre, après l’avoir nommé son page, premier grade qui, dans ces temps reculés, conduisait au beau titre de chevalier. Red-