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162 ROKEBY.

et je ne crus pas qu’il fût prudent de porter sur moi des bijoux de ce prix. Je fis peu d’attention aux tablettes depuis, je les ai revues et expliquées, lorsque quelques années de séjour dans file d’Erin m’ont mis à même de comprendre la langue barbare des Irlandais. Mais le sens de ce qu’elles contenaient était obscur ; on avait à dessein employé des phrases ambiguës, comme pour tromper la curiosité des indiscrets entre les mains de qui elles pourraient tomber. Je ne connaissais donc que les mots, et non le sens de ce que j’en avais lu, lorsque le hasard m’a fait deviner cette espèce d’énigme.

XIV.

— Il y a quelques jours que, caché dans le bois de Thorsgill, j’entendis la fille de Rokeby raconter l’histoire de son oncle ; et, grâces à elle, je puis interpréter enfin ce qui m’avait d’abord paru un impénétrable mystère. J’ai découvert que la belle Édith était la fille chérie du vieux O’Neale de Clandeboy. Elle avait fui son père et sa patrie pour épouser secrètement le seigneur de Mortham. Quand sa première colère fut passée, O’Neale envoya son fils sur les rives de la Greta, lui recommandant de ne se faire voir qu’à Édith, jusqu’à ce qu’il. eût reçu de nouveaux ordres. Le fatal évènement qui termina leur rendez-vous est connu de lord Wycliffe, et personne ne le connaît mieux que lui.

XV.

— Ce fut O’Neale qui, dans son désespoir, fit enlever l’héritier de Mortham. Il l’élevait selon les mœurs sauvages d’Erin, et le faisait passer pour le fils de Connal, qu’un meurtrier avait tué,

— La nourrice mourut bientôt. Le clan crut la fable inventée par son Chef. Le plan de celui-ci était de ne jamais souffrir que son petit-fils traversât la mer d’Erin ; il voulait que Redmond vécût comme ses ancêtres, dans les forêts et les landes arides de Clandeboy. Mais bientôt la discorde Vint troubler l’Irlande ; des chefs plus