Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/173

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CHANT SIXIEME. 167

Risingham, et les femmes basanées du Chili feront long-temps peur à leurs enfans de ce nom redouté. Mais enfin je touche au terme de ma carrière. Je veux finir comme le soleil des tropiques : ses rayons ne s’éteignent jamais par de pâles gradations ; la rosée du crépuscule n’adoucit point ses derniers feux : mais, semblable au bouclier sanglant du guerrier, son disque se plonge dans sa couche brûlante, colore les vagues d’une lumière de pourpre, et disparaît tout-à-coup… De la nuit règne dans l’horizon.

XXII.

— Mais toi, Edmond, pense à ton message. Pars, va chercher Mortham ; dis-lui. de courir à Richemont, où sa troupe est cantonnée ; qu’il la conduise au secours de Redmond ; qu’il sache que, jusqu’à Ce qu’il soit arrivé à Eglistone, un ami veillera, sur son fils. Adieu donc. La nuit s’écoule, et je veux me reposer ici seul. .

Malgré sa crainte mal dissimulée, une larme vint mouiller la paupière d’Edmond, tribut d’admiration que lui arrachait un courage qui ne cédait point dans l’extrême danger, mais qui, sublime même dans une âme coupable, luttait encore contre l’inévitable destinée. Bertram remarqua cette larme qui attendrit presque son cœur de fer. — Je ne croyais pas, dit-il, qu’il fût un seul homme qui daignât pleurer sur Bertram. — Il détacha l’agrafe d’or de son baudrier : — Voilà, continua-t-il, tout ce qui me reste des dépouilles qui furent jadis le prix de mes travaux. Reçois ce faible gage d’amitié, cher Edmond ; conserve-le en souvenir de Bertram. Mais, je te le répète, va trouver Mortham sans plus tarder.. Adieu, pour la dernière fois.

XXIII.

Déjà l’aurore a dissipé les ombres de la nuit, et le soleil s’approche du milieu de sa course. Oswald, qui, dès la pointe du jour, a maudit la lenteur de son messager, questionne enfin, dans son impatience, les soldats du château, et leur demande si le fils de Denzil n’est pas