Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/175

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E. 169

l’épouse de Wilfrid. Lorsqu’elle verra l’échafaud et le sombre appareil qui l’accompagne, le billot fatal, la hache et le bourreau ; lorsqu’elle saura que son refus donne la mort à Redmond et à son père… alors sans doute Matilde cédera… La famille de Rokeby, étroitement unie à la mienne, me met au-dessus des coups du sort. Si Mortham se présente, il se présentera trop tard ; fort de mon alliance nouvelle, je puis le braver ouvertement… Mais si Matilde s’obstine dans ses refus… laisserai-je tomber la hache homicide ?… Hélas ! Mortham vit encore… Cet Edmond peut lui révéler le secret dont il est maître… Et Mortham est aimé de Fairfax… Ah ! si je pouvais faire disparaître à jamais ce révélateur importun. Mais espérons encore que la pitié pour son père fera consentir Matilde… Allons en toute hâte à Eglistone ; qu’on sonne le boute-selle.

XXV.

Les cavaliers se réunissent en escadrons… Le voilà en marche… Les coursiers hennissent et font retentir le sol sous leurs pas. Les armures d’acier résonnent, le fer des lances brille, et les trompettes font entendre leurs chants guerriers,

Dans ce même moment, le signal de la mort frappe les oreilles de Denzil ; ne pouvant deviner ce qu’il voit, il tourne en vain de toutes parts ses yeux troublés. Les cavaliers descendent sur les rives de la Tees ; ils traversent le pont. Un rideau de feuillage cache l’avant-garde ; mais, avant que le dernier rang eût défilé, Guy Denzil cesse pour jamais de voir et d’entendre… La cloche du beffroi annonce à Oswald son dernier soupir.

XXVI.

O que n’ai-je ce pinceau qui animait par de si riches couleurs les tableaux de la chevalerie, ce pinceau magique qui retraça jadis la fête du feuillage et des roses dans les bosquets de Woodstock, et ce tournoi brillant où Émilie fut proclamée la plus belle ! Je peindrais la foule tumul