Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/192

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186 LES FIANÇAILLES DE TRIERMAIN.

ii.

Mais pourquoi t’arrêter en hésitant ? Pourquoi tes pas reculent-ils pendant que tes regards fixent les rives du ruisseau ? Ton pied timide, mais léger comme celui de Titania, pourrait facilement sauter, sans glisser, d’une pierre à l’autre ; et ne risquerait même pas de mouiller l’agrafe brillante qui réunit les bords de soie de sa chaussure. Confie-toi â. la force de ton amant : ne crains pas que le bras robuste qui a pu relever le tronc incliné de ce chêne, tremble sous le doux fardeau d’une beauté si délicate. — Oui, c’est ainsi... Maintenant que le danger est bravé, tourne la tête, et panse en souriant aux périls passés.

iii.

Nous voici tout à l’heure dans cet asile chéri que prûtégent les rochers et le feuillage, et on. aucun bruit n’interrompt les aveux timides de l’amour, si ce n’est la brise qui balance les arbres, et le faible murmure du petit cuisseau. Viens, repose-toi sur ton siège accoutumé ; la mousse tapisse toujours la pierre, le gazon est toujours vert : est-il un lieu plus propice pour deux amans qui craignent d’être vus ? Ces rameaux qui nous voilent le ciel nous dérobent aux témoins indiscrets qui iraient répéter malicieusement que la fière Lucy, distinguée par sa naissance et son rang ; Lucy, pour qui soupirent les lords et les barons, va secrètement trouver son pauvre Arthur dons le bocage.

iv.

Tu rougis ! tu soupires avec douleur ! Pourquoi Lucy évite-t-elle mes yeux ? Cette rougeur tire-t-elle sa source d’une cause secrète, d’un sentiment du cœur qu’elle ne voudrait pas laisser deviner à son Arthur ? Oh ! les yeux des amans sont plus perçans que ceux, des autres mortels, et, par une étrange sympathie, ils peuvent deviner les pensées que la beauté qu’ils aiment leur dissimule. J’ai lu dans la rougeur de Lucy un mélange de plaisir et de

INTRODUCTION.